Solidarité intercommunale : un pour tous, chacun pour soi ?

Solidarité intercommunale : un pour tous, chacun pour soi ?

La création des intercommunalités répond au constat du morcellement communal français hérité de la Révolution au cours de laquelle les paroisses se sont transformées en communes. À partir des années 1970 a germé l’idée de créer des communautés fonctionnelles plus larges que les petites communes françaises. L’objectif revendiqué était alors de répondre aux standards européens avec la volonté de réaliser des économies d’échelle et d’obtenir des gains d’efficacité par la mutualisation de différentes compétences. Cette volonté s’est traduite par une législation favorisant puis imposant le regroupement des communes dans des Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI). Ce fut chose faite durant les années 2000 sous l’impulsion de la loi Chevènement.

L’idée contenue dans cette réforme était aussi d’unir les communes pour être plus fortes collectivement et plus solidaires. Dans de nombreux cas, cela reste assez laborieux tant la commune centre agit comme un véritable trou noir aspirant les deniers publics. En la matière, force est de reconnaître qu’en Biterrois on frôle la caricature depuis 2020. En effet, après sa réélection à la mairie et sa conquête de la communauté d’agglomération, le maire de Béziers n’a pas hésité à mettre cette collectivité en coupe réglée au seul profit de sa commune.

Observez plutôt :
– Les postes de direction de l’agglo et de la mairie sont mutualisés au seul profit de la commune de Béziers qui réalise des économies.
– Le bulletin municipal de la ville fusionne avec celui de l’agglo. Il est donc payé par toutes les communes de l’agglo alors que ses articles sont quasi exclusivement consacrés à Béziers.
– La ville vend à l’agglo ses bijoux de famille (parfois en ruines) dont elle ne sait plus quoi faire et qui lui coûtent de l’argent pour les faire restaurer et en faire des équipements communautaires comme c’est le cas du Théâtre des Variétés qui va devenir une annexe du Conservatoire ou encore du Palais des Évêques qui va accueillir les bureaux de l’agglo installés pour l’instant au Polygone.
– Les habitants de l’agglo sont régulièrement mis à contribution à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros pour renflouer le puits sans fonds d’une société professionnelle de Rugby par des prestations de services quand les clubs des communes alentours triment pour boucler leurs budgets.
En résumé, c’est une véritable stratégie du coucou que nous avons sous les yeux au détriment des contribuables du grand biterrois.

LE « CAS » VILLENEUVE-LÈS-BÉZIERS

Dans une autre vie, Villeneuve-lès-Béziers était une commune prospère grâce à ses nombreuses entreprises qui faisaient ruisseller d’abondantes taxes à l’image du juteux péage autoroutier ; une commune au milieu de laquelle serpente le Canal du Midi, Patrimoine Mondial de l’UNESCO, tout près des plages, de l’aéroport et de la gare de Béziers… Bref, à Villeneuve, la vie s’écoulait comme un long fleuve tranquille transportant une myriade de paillettes d’or. Mais ça, c’était avant. Depuis 2002, la Communauté d’Agglomération Béziers-Méditerranée a été créée et le paradis est devenu enfer. Sous prétexte de solidarité et de juste répartition des richesses sur le territoire, on a déshabillé Pierre pour habiller Paul, François et les autres. La Taxe Professionnelle -aujourd’hui CFE- est désormais encaissée par l’agglo, le péage de l’A9 a été déplacé sur Béziers, une usine classée Seveso « seuil haut » a explosé en 2005 répandant ses fumées toxiques sur la population (voir His- toire d’aqui P.15), l’aéroport voisin qui en son temps exploitait une ligne desservant Paris via Orly bat de l’aile et ne constitue plus qu’une nuisance à cause des servitudes qu’il engendre, le Canal du Midi fait régulièrement eau de toutes parts, ses abords sont entretenus par les Voies Navigables de France tous les 36 du mois et des péniches viennent s’y échouer en silence comme des éléphants dans un cimetière. Quant aux redoutables crues de l’Orb, s’y ajoutent maintenant les redoutées inondations par ruissellement rendant le territoire incons- tructible aux deux-tiers.

Comme cela ne suffisait pas, la ville a été condamnée en 2015 à payer plus de 700 000 Euros à Béziers suite à un litige vieux de 30 ans entre les deux communes concernant la Z.I. du Capiscol qui, pour couronner le tout, ne rapporte plus rien ou presque à Villeneuve. Pour le coup, la solidarité intercommunale n’a pas été d’un grand secours aux Villeneuvois et, pendant que le maire d’alors, J.-P. Galonnier, signait le chèque à un Robert Ménard aux anges qui voyait dans cet argent tombé du ciel l’expression d’une bénédiction divine, tout le monde regardait ailleurs.
Finalement, il n’y a guère que le train qui n’était pas passé sur Villeneuve. Enfin, pas encore. Car en plus de la ligne existante qui coupe déjà le village en deux, vont s’ajouter prochainement trois nouvelles saignées : une « virgule » de raccordement à la voie historique, une nouvelle ligne réservée à la grande vitesse qui permettra de gagner… 18 minutes entre Béziers et Paris, et, enfin, une gare pour que les trains puissent s’arrêter au milieu de nulle part, sans interconnexion avec la gare centre de Béziers, à l’image de ce qui se fait déjà à Montpellier. Total de l’opération : 20% du territoire villeneuvois gelé depuis près de 30 ans.

On aurait pu croire qu’avec ces dix plaies d’Égypte qui se sont abattues sur Villeneuve quelques compensations lui auraient été accordées, ne serait-ce qu’un œil bienveillant sur son urbanisation par les services de l’État ou bien un équipement public d’importance majeure. Après tout, Sauvian et Servian ont eu leurs piscines communautaires, Sérignan un lycée, Boujan un Palais des Sports en limite de commune et Béziers tout le reste. Même pas. Le cul entre deux chaises, héritier d’une commune exangue et plombé par sa vice-présidence ménardienne qui a déclenché le courroux du Département et l’ire de la Région, le maire de Villeneuve, Fabrice Solans, s’est pris en pleine figure la dure réalité de la politique et de ses conséquences.

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