Sébastien Alary, Brasserie Alaryk
Photo : Alaryk

Sébastien Alary, Brasserie Alaryk

Depuis quelques années, le monde de la bière artisanale est en plein essor en France et, alors que le Biterrois compte désormais une dizaine de sites de fabrication, nous nous sommes attardés sur l’un des brasseurs pionniers de la « mousse d’aquí ».
Portrait de Sébastien Alary, entrepreneur originaire de Capestang, à la tête des entreprises Alary Distribution, du Comptoir Alaryk aux Halles du Lez à Montpellier et, surtout, de la brasserie artisanale Alaryk, dont la réputation a largement dépassé les frontières du territoire.

Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans la brasserie artisanale ?
J’ai créé mon entreprise de distribution en 2008. Les gros faiseurs en bière comme Heineken, Carlsberg et AB Inbev, marques présentes chez mes concurrents, rachetaient les brasseries indépendantes que nous distribuions. Afin de garantir mon indépendance et pour proposer des produits de qualité supérieure, la création de ma propre brasserie est devenue une évidence.

Pourquoi avoir choisi Béziers pour implanter votre brasserie et que représente la ville pour vous ?
Si cette ville connait un renouveau que l’on peut observer au quotidien, il est vrai qu’en 2008, date de création de ma société, la situation était totalement différente. Mais je suis né à Béziers, mon attachement à ce territoire est donc tout naturel. Je suis fier de rattacher la marque « Alaryk » à cette ville.

Nos bières artisanales doivent plaire à une majorité de clients

Quelles sont les recettes de la réussite d’Alaryk ?
Je pense qu’il y a en grande partie deux explications qui sont liées entre elles. Tout d’abord, une raison structurelle : la brasserie Alaryk s’appuie sur notre propre réseau de distribution, Alary Boissons, ce qui nous permet de bénéficier d’une clientèle fidèle et diversifiée. Il a donc été facile de proposer nos bières à nos partenaires historiques qui nous connaissaient et nous faisaient déjà confiance. Il y a ensuite une raison empirique qui tient à notre expérience de terrain : nous avons tout simplement élaboré des produits adaptés à cette clientèle historique. Nos bières artisanales doivent plaire à une majorité de clients, pas seulement à une minorité d’amateurs de bière dites « extrêmes ». Ainsi, nous avons toujours cherché le bon équilibre entre bière artisanale et accessibilité. Je pense que c’est d’ailleurs le challenge le plus difficile à relever pour une brasserie artisanale. Tout cela demande un gros travail tant sur les recettes que sur le suivi.

La pandémie, puis l’inflation ont-elles eu un impact important sur votre activité et sur votre pérennité ?
C’est évident. Nous avons souscrit des PGE (Prêts Garantis par l’État) à hauteur de 600 000 Euros pour pouvoir faire face à l’arrêt de notre activité pendant la crise COVID que nous avons, comme toutes les autres entreprises, commencé à rembourser. Quant à nos coûts de production, ils ont augmenté entre 15 et 35% depuis 2022. Il s’agit d’un problème majeur auquel toutes les brasseries sont confrontées.

Comment fonctionne votre distribution ?
Nous sommes présents dans toute la France, mais nous réalisons 80% de nos ventes avec les CHR (Cafés-Hôtels-Restaurants) entre Narbonne et Montpellier. Autant dire que si notre positionnement va jusqu’à l’international, nous sommes très solidement implantés en local, ce qui fait notre grande force en termes d’accessibilité et de réactivité.

Photo : Alaryk

L’entreprise connaît une forte croissance depuis sa création, quels sont vos projets de développement ?
Nous avons réalisé à ce jour un investissement de près de 6 millions d’euros qui nous permet de disposer d’une capacité de production de 16000 hl/an. Nous allons produire en 2023 environ 12000 hectolitres. Nous allons également lancer fin 2023 notre distillerie grâce à laquelle nous produirons entre autres des alcools bio, du whisky, du gin et des liqueurs.

Vous dites avoir augmenté votre capacité de production, mais est-ce que les locaux que vous occupez actuellement sont suffisants ?
Non. Le site actuel de production est trop petit et nous ne pouvons plus le faire évoluer. Le développement passera inévitablement par le déménagement de la brasserie dans un autre lieu où nous pourrons mettre en place un outil de travail moins énergivore, beaucoup plus efficient. L’objectif est de pouvoir répondre à la demande tout en diminuant nos consommations d’eau, d’électricité et de gaz.

Pouvez-vous rester sur Béziers au vu de la tension foncière actuelle ?
C’est notre souhait, mais à l’heure actuelle aucun terrain de 25000 mètres carrés n’est disponible sur le territoire de l’Agglomération Béziers Méditerranée. Nous sommes d’ailleurs en discussions avancées avec la Communauté de communes La Domitienne qui nous a pro- posé un terrain sur Colombiers.

Quelles sont vos perspectives d’avenir pour les dix prochaines années ?
Les crises récentes nous ont montré qu’il faut d’abord être fort chez soi. Le développement sera avant tout régional. Notre ambition est qu’Alaryk devienne la brasserie régionale de référence. Nous sommes déjà aujourd’hui la première brasserie bio d’Occitanie. Par ailleurs, nous souhaitons augmenter la part des matières premières locales dans la composition de nos bières. Face aux industriels et aux augmentations des coûts inhérents aux circuits longs, nous devons encore plus nous différencier et parler de bières de terroir. Enfin, le nouveau site de production nous permettra d’accroitre le développement de la brasserie au niveau national. Nous avons déjà mis en place des partenariats avec des distributeurs nationaux.

Brasssrie artisanale Alaryk 2, rue des Poiriers à Béziers
04 67 80 12 76
www.alaryk.fr

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