Russie-Ukraine, je t’aime moi non plus

Russie-Ukraine, je t’aime moi non plus

Les spécialistes en tous genres, les experts autoproclamés et autre tautologues télévisuels se répandent sur les causes de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et ses implications. L’affaire est complexe et mérite bien plus qu’une minute trente de commentaires superficiels. Histoire, politique, géopolitique, économie s’imbriquent et imposent d’essayer d’y voir clair à toutes les échelles.

La Russie considère l’Ukraine comme le berceau de la nation russe. En 882, naît en effet le Rous de Kiev qui est le premier état slave. Pourtant, l’histoire impose une double réalité. D’une part, l’Ukraine n’a jamais été un état indépendant avant le XXème siècle et, d’autre part, elle a été une zone de contestation et de conflit permanent entre différents acteurs. Au XIVème siècle, ce sont les Polonais et les Mongols qui se la disputent, puis les mêmes Polonais avec les Russes et les Ottomans, puis encore avec les autrichiens… Culturellement, le pays est partagé entre l’Est russophone à 17% et l’Ouest qui parle l’Ukrainien. L’Ukraine accède à l’indépendance pour la première fois à la faveur de la révolution de 1917, mais l’État soviétique en reprend le contrôle dès 1920.
Au cours des années 1930, face aux résistances à la collectivisation, Staline pousse le territoire à la famine, ce qui cause près de 6 millions de morts ; un événement qui reste gravé dans la mémoire ukrainienne sous le nom d’Holodomor. En 1954, Nikita Krouchtchev rattache la Crimée, peuplée aux deux tiers de russes, à la République Soviétique d’Ukraine. Lorsqu’en 1991 l’URSS éclate, l’Ukraine devient indépendante effectivement pour la première fois de son histoire, mettant un terme à trois siècles de tutelle russe. Une situation intolérable pour les nationalistes russes qui voient dans l’indépendance de l’Ukraine, qu’ils nomment la « Petite Russie », la perte d’une région considérée comme fondatrice de leur histoire, et son orientation vers l’Union européenne comme une trahison.

Moscou s’immisce donc régulièrement dans les affaires ukrainiennes avec l’arrivée de Vladimir Poutine aux affaires, de l’empoisonnement du président Viktor Iouchtchenko à la fermeture des approvisionnements en gaz en 2006. La tension monte en 2013 lorsque la Russie somme Kiev de rejeter l’accord d’association négocié avec l’UE. En février 2014, des heurts éclatent entre manifestants et forces de sécurité sur la place Maïdan de Kiev. Le président pro-Russe Ianoukovitch s’enfuit à Moscou et l’Est du pays s’embrase. Le 4 mars 2014, la Russie lance une opération militaire en Crimée qu’elle annexe après un référendum d’autodétermination. Les accords de Minsk sont signés en février 2015 mais ne mettent pas un terme à la crise. Dans le Donbass, près de 13 000 personnes sont tuées et 20 000 autres blessées. En 2019, est élu Volodymyr Zelensky qui souhaite un rapprochement avec l’UE et avec d’autres puissances régionales comme la Turquie. Les négociations avec la Russie ne donnent que de maigres résultats avant de déboucher sur l’invasion de février 2022.

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