Romain Diant, studio Asensò
Photo Laurent Piccolillo

Romain Diant, studio Asensò

Designer graphique expérimenté, Romain voue depuis son plus jeune âge une passion pour la typographie et le graphisme à l’époque où graffeurs et taggeurs font rage et sont à l’origine d’un effet de mode qui se poursuit et devient un véritable phénomène culturel. Il commence par valider un BTS Design Graphique puis signe son premier contrat en agence pour devenir par la suite titulaire d’un Master 2 en Design Graphique (DGCE) et développer modestement ses compétences autour de la recherche en design. Acteur engagé de sa profession, Romain est administrateur de l’Alliance France Design depuis 2018 et co-fondateur de Design Occitanie, acteur de la promotion du design en région Occitanie.

Romain Diant, pourquoi avoir créé un « studio » et pourquoi le nom d’« Asensò » ? 
Après avoir travaillé en agence à Montpellier, j’ai fondé le Studio Asensò en 2008 que j’ai installé il y a un an au cœur de Béziers, place Jean Jaurès. Je suis entouré de deux designers, Laurie et Samuel, qui collaborent avec moi sur des projets d’identité visuelle, de packaging et d’édition. Provenant de l’anglais et de l’italien, le mot studio signifie « endroit où étudier », mais il peut évoquer aussi bien un appartement qu’un atelier de création, c’est-à-dire des lieux où les étudiants vivent et travaillent. À travers ma pratique, je souhaite incarner l’idée de rester étudiant et approfondir sans cesse mes connaissances dans un lieu où mon équipe et moi-même nous sentons bien. Cette définition vient également en opposition au terme « agence », car au sein du studio nous possédons toutes les compétences requises pour répondre de façon exclusive aux demandes de nos clients sans passer par un tiers. Il y a enfin cette idée de lieu à taille humaine, où nous prenons le temps de faire les choses bien, d’effectuer de la recherche avec méthode, une pratique devenue rare dans nos métiers.
Quant à « Asensò », il provient de l’Espagnol et signifie « assentiment », l’adhésion à une idée. C’est l’objectif que nous visons sur chacun des projets menés.

Prendre le temps de faire les choses bien.

Dans quel genre de communication êtes-vous spécialisé ?
J’interviens uniquement sur des sujets de design graphique, ce qui regroupe de nom- breux terrains de jeux : le design d’identité visuelle et de marque (charte graphique, direction artistique), le design de packaging, le design éditorial (magazine, livre, webdesign) et enfin le design d’espace (signalétique, scénographie).

Vos clients se trouvent-ils essentiellement dans le grand Biterrois ? Si oui, est-ce une volonté et pourquoi ?
Depuis notre installation en centre-ville, notre clientèle se développe effectivement sur le territoire biterrois et au-delà. Toutefois, nous jouissons davantage d’un rayonnement à l’échelle régionale, de Nîmes jusqu’à Toulouse. Notre volonté est de participer activement à la vie de la cité et de rendre plus désirables et singuliers les projets d’identité visuelle implantés localement, ce que nous tendons à faire avec de plus en plus de commanditaires.

Le dossier de ce numéro de Biterre est consacré à la viticulture et nous avons noté une présence significative d’acteurs du milieu viticole parmi vos clients. Comment expliquez-vous ce besoin pour les professionnels du secteur à communi- quer autant ces dernières années ?
Dans les années 1950, le designer Raymond Lœwy a publié un ouvrage nommé « La laideur se vend mal ». Cette analyse s’applique à tous les secteurs mais particulièrement à celui du marché du vin, une activité économique importante de notre région. La viticulture connait une importante mutation notamment à cause d’une concurrence européenne, voire mondiale, et du changement de profil des consommateurs qui recherchent une expérience unique en plus d’un produit bon et sain. Cela débute par le packaging et son étiquette, ce qui justifie cette nécessité de mieux exprimer les singularités du produit à travers notre expertise.

On boit moins mais mieux, pourtant produire du vin de qualité ne suffit plus aujourd’hui ; il faut se démarquer de ses concurrents pour vendre. Comment com- muniquer en 2023 lorsqu’on est vigneron ? 
La communication, et plus précisément le packaging, s’adapte aux attentes du consom- mateur et à la façon dont il va expérimenter le produit. Les éléments visuels et textuels ne sont pas les mêmes s’il s’agit de vente directe, en CHR, en caveau ou en grande distri-bution. Au studio, nous souhaitons exprimer toute l’authenticité du produit et nous proposons une narration qui crée un lien entre le consommateur et le vigneron.

Photo Laurent Piccolillo

Que pensez-vous de la stratégie politique initiée depuis quelques années dans la région consistant à renforcer l’œnotourisme tout en mettant l’accent sur une identité viticole forte ?
Nous avons la chance de vivre dans une région qui produit des vins magnifiques sur des paysages exceptionnels, je n’y vois donc que du positif. Nous rattrapons le retard pris en comparaison à d’autres régions, et le meilleur reste à venir !

La marque « Sud de France », créée par la Région en 2006, va, sur décision du ministère de l’Agriculture, disparaître des bouteilles de vin. Les viticulteurs sont vent debout contre cette décision. Qu’en pense le professionnel de la communication que vous êtes ?
La région a investi de nombreuses années durant pour faire en sorte que notre territoire devienne, notamment à travers cette marque, une référence de qualité identifiable auprès des consommateurs. Traitant au quotidien des questions d’identité, et sachant qu’il est très difficile et onéreux d’implanter une telle marque, je dois avouer que c’est une nouvelle peu réjouissante pour les viticulteurs.

Dérèglement climatique, récoltes moins importantes, changement des modes de consommation… le secteur du vin est en pleine mutation et subit même une période difficile. Pensez-vous que les viticulteurs du Languedoc et plus particulièrement du Biterrois s’en sortent bien par rapport à ceux d’autres régions ?
Je constate qu’ils arrivent à tirer leur épingle du jeu malgré le contexte ; toutefois, seuls ceux qui seront en mesure de faire preuve de résilience résisteront aux événements à venir. Notre région a toujours connu des aléas climatiques et a même su en tirer profit, j’espère qu’il en sera de même demain.

En Biterrois, les brasseries artisanales ont fait une entrée en force depuis une dizaine d’années. À l’avenir, la bière risque-t-elle de concurrencer dangereusement le vin sur ses terres historiques ?
Je n’envisage pas cela comme une concurrence mais plutôt comme une opportunité, un nouvel instant de dégustation. La bière a amené un souffle nouveau qui sert réciproquement le marché du vin. Je ne pense pas qu’elle va éclipser aussi facilement le vin, mais plutôt qu’elle fait évoluer le secteur, les modes de consommations et les comportements.

Quels sont vos perspectives et projets d’avenir pour les prochaines années ? 
Notre souhait est de nous impliquer encore davantage localement à travers notre pratique, nos différentes actions de terrain et notre rendez-vous trimestriel « Bonsoir » que nous organisons depuis bientôt un an. Ce rendez-vous a pour objectif de réunir des professionnels qui sont en mesure d’apporter un éclairage sur un thème défini, le tout dans un cadre convivial propice aux échanges. Ainsi, nous souhaitons acculturer nos invités à notre pratique, à notre expertise : design, typographie, identité, etc.

Studio Asensò 18, rue Jean Estève à Béziers
contact@asenso.fr
www.asenso.fr

Tél. : 0430412953

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