Retenues collinaires : kézaco ?
Carte Département de l'Hérault

Retenues collinaires : kézaco ?

Le débat des retenues d’eau s’est cristallisé autour des projets de réservoirs de l’Hérault, vus comme des bassines à l’égal de celles tristement célèbres de Sainte-Soline. Le projet héraultais est pourtant assez différent. Lors de son lancement en 2018, l’idée était simplement de capter les fortes précipitations automnales et hivernales quand l’équivalent de deux ou trois mois de pluies s’abattent en quelques heures pour irriguer les vignobles pendant la période estivale. L’argument était à la fois de récupérer une eau qui n’alimente pas nécessairement les nappes et qui ruisselle souvent jusqu’à la mer, tout en luttant contre des crues souvent dévastatrices.

Cependant, le projet a évolué ; les retenues collinaires sont devenues « hivernales » et ne se contenteront pas de capter l’eau tombée du ciel. Elles seront surtout alimentées par des prélèvements dans les fleuves (Rhône, Hérault, Orb). Le Département de l’Hérault a acté cette stratégie le 14 février 2023 avec la création de neuf retenues hivernales, dont sept sur l’ouest Hérault (cf carte ci-dessus). En tout, ce sont 39,70 millions d’Euros qui vont être investis jusqu’en 2030.

Ces retenues pourraient permettre le stockage de 6,54 millions de m3 qui alimenteraient plus de 6400 hectares de vignes, l’objectif étant de protéger les nappes phréatiques, mais du point de vue des écologistes le système n’est pas aussi vertueux que ce qu’en dit le Département. France Nature Environnement dénonce le projet en mettant en avant qu’il ne s’agit pas de retenues collinaires de ruissellement pluvial, mais plutôt de bassines alimentées par de l’eau souterraine ou superficielle, en l’occurence des cours d’eau. Parmi les arguments avancés, il y a la conviction que l’eau importée du Rhône ne sera pas abondante du fait du réchauffement et surtout insuffisante car il faudra aussi satisfaire les besoins en eau potable qui ne cessent d’augmenter du fait de la croissance démographique. D’autres pistes sont à l’étude comme celle de la récupération et le recyclage des eaux usées qui fait son chemin à Murviel-lès-Montpellier ou à Tuchan par exemple. Il faut souhaiter que des démarches aussi vertueuses et intelligentes se généralisent rapidement car en filigrane, c’est bien une guerre autour des usages de l’eau qui semble se dessiner…

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