Olivier Cabassut, flic ou voyou?
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Olivier Cabassut, flic ou voyou?

Acteur, metteur en scène, scénariste, directeur de la Cie des Scènes d’Oc

Olivier Cabassut, vous êtes un homme de théâtre avant tout, mais aussi de cinéma et de télévision. Parlez-nous de votre parcours.
J’ai débuté sur scène à Béziers en 1987 dans un café-théâtre, rue du 4 septembre. À cette époque, je n’avais aucun plan de carrière et puis dans la région, il y avait moins d’écoles de théâtre qu’aujourd’hui et encore moins d’écoles de jeu face à la caméra. Comédien était alors un métier difficilement envisageable à moins de monter à Paris. Mon seul but était de prendre du plaisir sur scène. Puis, de fil en aiguille, de castings en castings, de rencontres en rencontres, j’ai tracé mon chemin. Mon parcours est donc celui d’un autodidacte dont le principal moteur est le plaisir de jouer. Et c’est à travers le jeu que j’ai découvert la lecture, l’écriture et la mise en scène. Bref, mon métier.

Depuis quelque temps, vous incarnez le commissaire Marquez dans la série Candice Renoir, tournée essentiellement à Sète. Votre statut a-t-il changé depuis ?
Oui, forcément les choses ont un peu changé depuis que j’interprète ce rôle. La série réunit entre 5 et 6 millions de téléspectateurs à chaque diffusion sur France 2, alors on me reconnaît un peu plus dans la rue, mais même si les gens sont souvent très gentils, la notoriété n’est pas ce qui m’anime le plus. J’espère surtout qu’on m’offrira d’autres rôles intéressants et que je pourrais jouer le plus longtemps possible.

À Sète, les hôtels et les restaurants affichent souvent complet en plein hiver grâce aux tournages.

Vous êtes originaire de Vias, mais vous travaillez beaucoup avec la ville d’Agde qui accueille désormais de nombreux tournages et depuis quelques années un festival sur le cinéma et la télé. Selon vous, quelles sont les raisons de cet engouement ?
J’ai créé plusieurs spectacles historiques sur la scène flottante pour la ville d’Agde ; on y a tourné certains épisodes de Candice Renoir et puis d’autres productions m’appellent parfois pour des renseignements sur des lieux de tournage qui pourraient être intéressants. Si le maire d’Agde veut développer l’accueil des tournages dans sa ville, c’est qu’il a compris, je pense, l’enjeu économique et touristique qui en découle. À Sète par exemple, les hôtels et les restaurants affichent souvent complet viennent même parfois passer leurs vacances à Sète juste pour retrouver les décors de leurs séries préférées. La ville d’Agde a aussi une belle carte à jouer car elle bénéficie de nombreux attraits.

On voit très peu de films ou de séries tournées sur Béziers. Pourtant, la ville possède un patrimoine architectural et paysager assez conséquent. Comment expliquez-vous cela ?
Je crois que cela passe déjà par une volonté municipale, mais je ne connais pas du tout la position de la mairie de Béziers sur ce sujet. Ensuite, il faut que les productions y trouvent leurs intérêts, le soleil ne suffit pas. Il faut être en contact avec la Commission Régionale du Film qui fait déjà un travail remarquable et qui subventionne quelques projets qui se tournent en région, répertorier les lieux pittoresques, les hébergements, les possibilités de stockage, les logements vacants pour créer des décors et des studios… De plus, si l’aéroport pouvait retrouver sa ligne aérienne Béziers-Paris (Orly) cela pourrait aussi faciliter les choses, y compris pour la ville d’Agde.

La pandémie a profondément bouleversé le milieu de la culture, et le théâtre comme le cinéma n’y ont pas échappé. À titre personnel, comment avez vous vécu cette crise sanitaire inédite et comment envisagez-vous l’avenir de la profession?
Pour ma part, j’ai eu de la chance, je n’ai pas contracté le virus et j’ai pu continuer à travailler tant bien que mal sur des tournages pour la télévision. Ensuite, j’ai fait comme la plupart des gens, j’ai pris mon mal en patience et essayé d’optimiser le temps qui passait du mieux possible. La Covid a bouleversé le milieu de la culture c’est vrai, mais il y a eu beaucoup d’aides de l’État avec une année blanche pour les intermittents du spectacle. Les théâtres privés aussi ont été soutenus. C’est maintenant, lors de la reprise, qu’on va peut-être mesurer d’autres dégâts. Ça « bouchonne » au niveau des sorties de films et des programmations théâtrales. Est-ce que les spectateurs vont retourner rapidement dans les salles obscures et dans les théâtres ? Il faudra être inventif, trouver de nouvelles formes théâtrales, de nouveaux supports artistiques. Mais c’est ce que font les artistes depuis toujours: créer, s’adapter, innover. Il faut être optimistes, le pays a survécu à la peste, au choléra, à la grippe espagnole…

Des projets à venir ?
Oui, j’ai de nombreux projets à venir et d’autres en cours. Tout d’abord, j’attaque le tournage de la saison 10 de Candice Renoir le 20 septembre. En parallèle, j’ai écrit le scénario et les dialogues d’une bande dessinée sur les débuts de Molière en Occitanie qui sortira le 15 janvier 2022 pour le 400e anniversaire de sa naissance. J’ai également co-écrit avec Richard Roulet pour la télévision le scénario de Meurtres à Pézenas pour lequel nous sommes dans l’attente de la concrétisation du projet avec une production. Enfin, au théâtre, je continue à jouer dans la trilogie de Marcel Pagnol avec la troupe de Jean-Claude Baudracco. Sans oublier la pièce « Novecento : la légende du pianiste sur l’océan », d’Alessandro Baricco, pour laquelle le Biterrois Philippe Cauchi-Pomponi m’accompagne au piano. Bref, je n’ai pas le temps de m’ennuyer !!!

Alors, Olivier Cabassut, flic ou voyou ?
Ni l’un ni l’autre, ou bien les deux. Ça dépend de l’homme qui se cache derrière le flic ou le voyou. Il faut se méfier des apparences. Si votre question fait référence à mon admiration pour Jean-Paul Belmondo qui nous a quittés récemment, cela m’a beaucoup attristé. Au-delà de l’immense acteur qu’il était, c’est tout une époque qui fout l’camp avec lui. Une époque où le cinéma français proposait des films populaires, au sens noble, où il rivalisait avec le cinéma mondial. C’est un acteur qui faisait ce métier pour les bonnes raisons et qui y prenait du plaisir. Un peu comme un enfant gâté, il mesurait la chance et la joie qu’il avait d’interpréter de grands rôles sous la direction de grands réalisateurs et il nous la faisait partager. Il était, pour moi, issu d’une race d’acteurs en voie de disparition. C’est un peu le dernier des Mohicans qui vient de s’en aller.

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