Œnotourisme et patrimoine : nouveaux gisements touristiques

Œnotourisme et patrimoine : nouveaux gisements touristiques

Avant les années 60, le tourisme patrimonial, qui s’attache à faire découvrir les activités originelles d’un lieu, son passé, ses vestiges (églises, châteaux, fortifications, ouvrages d’art, demeures remarquables, patrimoine industriel, jardins historiques, champs de ba- taille, musées…), était l’apanage des seules classes aisées au capital financier et culturel élevé, mais cependant peu nombreuses. Avec les Trente Glorieuses, la société de consom- mation naissante et la hausse du niveau de vie ont fait émerger une classe moyenne ra- pidement devenue majoritaire.
D’une pratique élitiste, le tourisme patrimo- nial s’est répandu à un nouveau public qui va lui aussi flâner dans des rues chargées d’histoire, profiter de spectacles culturels et interagir avec les populations locales.

Un nouvel Eldorado dont certains élus ont su mesurer très tôt la portée économique en investissant, via des fonds publics et privés, dans la mise en valeur, la rénovation et la promotion de leur patrimoine bien au-delà de leur territoire, comme à Pézenas, labellisée « Ville et Pays d’art et d’histoire » et récemment promue « Grand Site Occitanie » aux côtés d’Agde. Son animal totémique, le poulain, a même été honoré en 2005 au titre de chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel mondial de l’Humanité de l’UNESCO. L’image de la « petite Versailles du Langue- doc » est également intimement associée à celle de Molière qui y a écrit ses premières pièces. Et si l’homme de théâtre a été en son temps chassé du jour au lendemain de la ville par son mécène, les édiles contemporains ont su lui rendre grâce en utilisant son court mais fructueux passage dans la cité pour servir une culture dont l’impact économique et social positif contribue au bien vivre ensemble et à l’intégration. C’est ainsi qu’artistes peintres, sculpteurs, musiciens et artisans d’art profitent depuis plus d’un de- mi-siècle de la présence de nombreux touristes venus découvrir le riche patrimoine de la ville où Jean-Baptiste Poquelin est devenu Molière.

Depuis 1984, à l’initiative du Ministère de la Culture, des journées de découverte du Patrimoine sont organisées chaque année au mois de septembre. Deux jours au cours desquels le public peut profiter gratuitement d’un accès à des sites patrimoniaux habituellement payants. De même, certains lieux fermés au public le reste de l’année ouvrent exceptionnellement leurs portes à cette occasion. Un loto est même organisé depuis 2015 au moment des Journées du Patrimoine pour contribuer à la restauration de monuments en péril. En 2019, grâce au Loto du Patrimoine, plus de 200000 euros ont été récoltés pour sauver le Fort de Brescou au large du Cap d’Agde. Outre ce dernier, la communauté d’agglomération Hérault- Méditerranée restaure depuis plusieurs années une villa, joyau architectural de l’art nouveau construite à Agde à la toute fin du XIXe siècle par Emmanuel Laurens au coeur d’un magnifique parc arboré entre le fleuve Hérault et le Canal du Midi.

Un tourisme durable

La récente inauguration par la Communauté d’Agglomération Béziers-Méditerranée de la Maison des Orpellières au milieu d’un site qui s’étend sur plus de 150 hectares entre Sérignan et Valras-Plage, démontre que le tourisme est aussi un acteur du développement durable. Propriété du Conservatoire du littoral depuis le début des années 80, Les Orpellières sont un espace naturel protégé classé Natura 2000 où toute nouvelle construction est interdite. Entre 1994 et 1999, l’artiste monténégrin Dado y occupa la cave du domaine viticole désaffecté qu’il transforma en atelier, précieusement conservé et en attente de restauration. L’ensemble du domaine, réhabilité après plusieurs années d’études et de travaux, va accueillir et sensibiliser le public à la protection de l’environnement autour d’une scénographie, d’une salle pédagogique, d’un belvédère et d’un sentier de randonnée.

Ne pas bronzer idiot !

Dans son cahier des charges, la mission Racine imposait dès la création des nouvelles stations une part dédiée à la culture comme cela a été le cas pour le Cap d’Agde avec un musée, celui de l’Ephèbe, érigé en 1984 sous la direction de Jean Lecouteur, l’architecte qui avait dessiné la station quinze ans plut tôt. Si aujourd’hui le « bronzage idiot » est en recul, la masse des touristes qui déferle chaque été dans les stations littorales n’a pas pour autant déserté la plage, mais les journées à rôtir en plein soleil se sont écourtées pour laisser aussi une petite place à des vacances de contenu où l’on découvre, où l’on apprend, où l’on déguste.

Le Grand Site
Créé en 2000, le Réseau des Grands Sites de France compte 47 membres, qui accueillent près de 32 millions de visiteurs et dont les responsables ambitionnent de préserver et restaurer les paysages fragiles et attractifs. Dans le Biterrois, le Grand Site de France en projet regroupe, dans un périmètre provisoire d’environ 20 kilomètres de diamètre, 6 communes avec 85 000 habitants sur 3 intercommunalités. Il englobe les sites des écluses de Fonséranes –qui a fait l’objet en 2017 d’une profonde réfection, d’une mise en valeur et d’une nette amélioration de l’accessibilité des lieux–, le tunnel du Malpas, l’oppidum d’Enserune et l’étang asséché de Montady, le port de Poilhes et la collégiale de Capestang. L’enjeu est de préserver la grande valeur naturelle et paysagère sur cette portion du Canal qui risque d’être dégradée par une fréquentation touristique importante et/ou mal gérée. Demain, la labellisation Grand Site de France de l’ensemble du bief de Capestang à Fonséranes donnera à notre territoire une renommée internationale tout en consacrant le génie et l’œuvre de Pierre-Paul Riquet.

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