Marc Calmel, Vice-Président de la cave Alma Cersius
Photo : M. Calmel

Marc Calmel, Vice-Président de la cave Alma Cersius

La coopération du début du siècle n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui a changé ?
D’abord, nous avons planté des cépages plus qualitatifs, puis, afin d’être mieux rémunérés pour notre travail, nous avons créé notre propre société de négoce, ce qui nous permet de limi- ter les coûts intermédiaires. Enfin, nous avons augmenté notre volume à l’export tout en développant un réseau commercial performant.

Pourquoi, alors que chaque village ou presque possédait auparavant sa propre coopérative, assiste-t-on à des fusions de caves comme cela a été le cas entre Cers et Portiragnes en 2008, puis Villeneuve en 2009 et, depuis cette année, Puimisson ? 
La raison est simple : la baisse du nombre de viticulteurs associée à celle de la production et de la consommation a mis en péril la rentabi- lité des caves qui ont dû se regrouper un peu partout pour s’en sortir.

Êtes-vous touchés par la crise qui frappe le monde viticole ou votre modèle économique vous permet-il de plutôt bien résister ?
Nous avons abandonné la vente en vrac qui était très pratiquée auparavant ; aujourd’hui, 100% de notre production est mise en bou- teille. Ce modèle économique nous permet de faire mieux que résister.

Parvenez-vous à écouler vos stocks d’une année sur l’autre sans passer par la distillation ?
Oui, et nous sommes même contraints d’acheter du vin à d’autres pour honorer toutes nos commandes.

Quelle part de votre production est dédiée à l’exportation et à la vente directe ?
80% des 5 millions de bouteilles que nous produisons part à l’étranger, les 20% restants sont dévolus à la vente directe dans nos caveaux, dans les grandes surfaces locales et sur les foires, salons et manifestations diverses.

On le voit, la viticulture est devenue plus vertueuse, plus bio, moins chimique. La cave Alma Cersius, et donc les 152 vignerons qui la fournissent, sont-ils inscrits dans cette démarche ? Si oui, comment ? 
En 2019, nous avons obtenu la certification HVE, puis HVE3 l’année suivante. Ce label réclame une gestion raisonnée de la vigne et des intrants pour protéger la biodiversité existante et encourager la présence d’espèces animales et végétales. De même, pour préserver la santé des vignerons et des consommateurs, et pour garder des terres et des cultures plus saines, nous avons amélioré nos techniques culturales. Enfin, soucieux d’économiser nos ressources naturelles et de réduire notre empreinte écologique, nous visons à maîtriser notre consommation d’eau et d’énergie.

Quels moyens Alma Cersius a-t-elle mis en œuvre pour faire oublier l’image peu attractive de la vieille cave du siècle dernier où l’on allait chercher du vin en vrac et de qualité souvent moyenne ?
Nous avons recours à des œnologues pour proposer des assemblages de qualité, nous présentons tous nos vins à divers concours pour gagner des médailles, plus de 250 cette année, et nous paticipons à de nombreux évé- nements, foires, salons, festivités locales…

La communication est-elle devenue le nerf de la guerre ?
De nos jours, elle est essentielle. Nous avons beaucoup travaillé le sujet avec un logo lors de la création de la marque Alma Cersius en 2014, un site web, une présence sur les réseaux sociaux, des partenariats institutionnels, des gammes de vin clairement identifiables…

Les anciennes caves coopératives sont un peu partout détruites pour réaliser des opérations immobilières ou réaffectées en lieu culturel ou autre. Pensez-vous que c’est le sens de l’histoire même si certains regrettent la disparition d’un «patrimoine communal » ?

Pour l’instant, nous gardons nos bâtiments où nous avons des caveaux de vente, mais il est vrai que les coopératives construites en leur temps en périphérie des villages se retrouvent maintenant en plein centre du fait de l’extension urbaine des années 80, 90 et 2000. Et quand on voit la flambée des prix des terrains, les caves désaffectées suscitent forcément des convoitises.

Vous êtes sur le point de construire une cave de dernière génération à Cers. Avez- vous une date de début des travaux et surtout d’ouverture ?
Les travaux sont prévus pour 2024 et l’ouverture pour le second semestre 2025.

Dans cette période incertaine pour la profession, l’avenir de la coopération en général et d’Alma Cersius en particulier est-il plutôt rose ou noir ?
Plutôt rose.

Cave Alma Cersius 3, rue des vignerons – 34420 Cers
0467393179
www.almacersius.com
info@almacersius.com

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