L’oeil de l’expert : La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?

L’oeil de l’expert : La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?

Malgré toutes les adaptations que pourront choisir les viticulteurs, la question de l’eau va rester centrale pour eux. Moins de pluies, cela signifie moins d’aliments pour les plantes et moins d’humidité dans les sols pour favoriser leur croissance. Pour beaucoup, la solution c’est l’irrigation. Mais c’est un sujet qui suscite des débats tendus entre ceux qui y voient la formule magique et incontestable et ceux qui pensent qu’il ne s’agit que d’un palliatif qui ne fera qu’aggraver la situation hydrique. Pour le dire plus simplement, ne va-t-on pas vers une guerre de l’eau ?

L’irrigation est déjà une réalité, et ce, depuis très longtemps. Sans remonter aux années 1950-60 et à Philippe Lamour, la gestion et l’acheminement de la ressource en eau préoccupent État et acteurs locaux depuis longtemps. L’ex région Languedoc-Roussillon a lancé le projet Aqua Domitia dès 2012 avec l’idée d’étendre le réseau hydraulique régional (cf Biterre N°7 p.9). Cela a abouti en 2022 à l’interconnexion des ressources du Rhône, des fleuves côtiers (Orb, Hérault) et du Canal du Midi. L’idée est de limiter les prélèvements des milieux en ten- sion tout en permettant l’activité agricole. Au sud de Béziers, l’irrigation agricole, en particulier celle des vignes, est en cours de réalisation par le groupe BRL. Le département de l’Hérault, conscient de ces enjeux agricoles, a développé sa propre stratégie avec « Hérault Irrigation » qui doit accompagner techniquement et financièrement un total de près de 22 500 ha de création, d’extension et de modernisation des réseaux d’irrigation, un investissement estimé à 310 millions d’Euros co-financé par l’Europe (FEADER), l’Agence de l’Eau, la Région Occitanie et des collectivités locales. Ces initiatives n’ont pas manqué de susciter les critiques : pomper une ressource qui est en train de se raréfier, est-ce une solution de bon sens ? Ne jette-t-on pas de l’eau sur le sable avec ces initiatives vouées à retarder un changement inéluctable ? Le remède n’est-il pas nocif que le mal ?

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