L’oeil de l’expert

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GENVIA : LE BITERROIS CAPITALE DE LA TRANSITION ENERGETIQUE ?

Sans plomb, diesel, bioéthanol, électrique… et si la solution à tous les problèmes de carburant se trouvait en Biterrois ? En effet, le 1er mars 2021, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a créé, par le biais d’un partenariat public-privé (Agence Régionale Énergie Climat Occitanie (AREC), Schlumberger, Vinci Construction, Vicat), la société Genvia chargée de produire un carburant écologique à partir d’hydrogène décarboné destiné à l’industrie de la mobilité, tout particulièrement pour les véhicules lourds extrêmement polluants. Mais ce vecteur énergétique vert, il faut le produire. C’est donc dans les bâtiments historiques de Béziers qui ont abrité les usines Fouga et actuellement la Cameron, rachetée en 2016 par Schlumberger, que le lancement de Genvia a été effectué en présence du Président de la République le 16 novembre 2021. Inauguration dont on retiendra la désormais célèbre poignée de mains biterroise entre Emmanuel Macron et Robert Ménard…
Poussé par la crise énergétique qui s’amorce et s’annonce pénible et durable, l’hydrogène a le vent en poupe. Il va donc falloir mettre de nombreux terrains à disposition de la société Genvia en Biterrois pour que la future gigafactory puisse s’implanter de façon durable afin de produire en quantité ce carburant de demain, propre et à bas prix. Au final, il faut souhaiter que Genvia puisse contribuer à la sauvegarde et à la création locale d’emplois, à la diversification économique de la Région, à la baisse de la dépendance énergétique de la France envers des pays tiers et, bien sûr, à la préservation de l’environnement.

Une gigafactory : Kézaco ?

L’hydrogène décarboné est le résultat d’un système complexe d’électrolyse de l’eau à haute température. La technologie Genvia, première à être complètement réversible, permet de réduire considérablement la consommation d’électricité par kilogramme d’hydrogène produit. Pour ce faire, il faut construire des électrolyseurs en quantité industrielle mais aussi des piles à combustible qui servent à stocker l’hydrogène dans les véhicules, le tout nécessitant des installations d’envergure nommées gigafactory.La mention « giga » provient de la quantité de watts/heure que ces usines sont capables de produire annuellement, à savoir entre 8 et 48 GWh. Ainsi, pour faire rouler 25 millions de véhicules par an, c’est 1250 GWh qu’il faut produire (une sorte de Retour vers le futur XXL). Plusieurs gigafactory existent déjà aux États-Unis (comme Tesla), en Chine et en Europe (dont ACC, créée par Total, Saft et PSA, partenaires du CEA).

On l’a vu, le site principal de production de Genvia est installé à Béziers, dans les bâtiments de la Cameron totalement repensés pour l’occasion. Or, qui dit gigafactory dit besoin de place. De beaucoup de place. Ce sont pas moins de 200 hectares de terrains dont Genvia a besoin pour accueillir, outre l’usine de production, toutes les autres dépendances liées à son activité ainsi que les nombreux prestataires auxquels la société va faire appel dans les mois et les années à venir et ce, dans un périmètre restreint autour de l’usine principale.

Du coup, ce projet d’envergure nationale piloté par la Région Occitanie fait des envieux. Du côté de l’agglomération Béziers-Méditerranée comme de celui de La Domitienne, on lorgne sur Genvia comme sur une poule aux œufs d’or tellement sa présence sur un territoire est positive tant en terme d’image que de retombées financières. Quant au social, les chiffres annoncés font rêver puisque ce sont 500 emplois directs et environ 1500 indirects qui sont annoncés d’ici 2030… Alors, à l’heure où va être voté le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) qui coordonne, aménage et valorise durablement le bassin de vie des 270.000 habitants des 87 communes regroupées dans cinq intercommunalités avec Béziers comme centralité, le combat pour récupérer la nouvelle pépite du Biterrois est plus que jamais lancé. Et quand au milieu de la mêlée se retrouve le très médiatique président- maire de Béziers qui ne doit pas perdre de vue qu’il existe autour de lui un monde qui a vécu avant lui et qui vivra après, qu’il existe un équilibre entre les intercommunalités fruit de longues années de construction et de nombreux compromis, qu’il existe une harmonie entre les femmes et les hommes qui ont fait la richesse et l’histoire de ces territoires, on imagine bien que la bataille de Genvia risque d’être féroce et de laisser des traces.
D’autant que, la Région étant à la manœuvre pour choisir, entre autres, les sites d’implantation des annexes de Genvia, on a du mal à imaginer que Carole Delga dont on connaît l’aversion farouche envers l’extrême droite, ait envie de favoriser l’agglomération Béziers- Méditerranée présidée par Robert Ménard.
Mais il arrive parfois que des intérêts stratégiques et économiques majeurs l’emportent sur les combats politiques, fussent-ils viscéraux. Wait and see.

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