L’érosion du traît de côte
Source : les littoraux méditerranéens de France métropolitaine. Vol1 : dûnes côtières et rivages sableux ; UICN (2020)

L’érosion du traît de côte

Nous avons tous dans nos souvenirs de jeunesse les très larges étendues de plages héraultaises entre La Grande-Motte et Vendres. On pouvait jouer au foot ou au frisbee sans risquer d’assommer une grand-mère assise sur son fauteuil. Bref, de la place il y en avait.
Mais ça, c’était avant. Depuis, le réchauffement climatique a fait son œuvre, le niveau des mers monte, monte, monte. Résultat: l’eau grignote sur le sable et les plages se rétrécissent comme peau de chagrin.
En France, où le niveau des mers s’est élevé de 25 cm au cours du XXe siècle, le quart des côtes est affectée par l’érosion, et la submersion marine menace 1,4 millions de personnes et 165.000 bâtiments, mettant en péril les écosystèmes et l’économie touristique. Devant ce phénomène plus qu’inquiétant, les pouvoirs publics ont mis en place tout un éventail de mesures techniques : enrochements, brise-lames, épis, digues… Mais tout cela coûte très cher et ne sert au final qu’à dif- férer l’inéluctable échéance.

Du côté de Sète, l’érosion naturelle du trait de côte a été aggravée par la forte fréquentation du site. Alors, entre 2007 et 2019, 55 millions d’Euros ont été investis pour reculer d’une centaine de mètres les 12 kilomètres de la route qui relie Marseillan à Sète, ceci afin de reconstituer la plage et son cordon dunaire, et protéger l’étang de Thau et ses activités conchylicoles. En 2015, c’est à Vias-Plage qu’une opération de reconstitution du cordon dunaire sur le site dit de « côte ouest » a été engagée. Achevé en juin de la même année, le premier tiers dudit cordon a été emporté quelques mois plus tard lors du premier coup de mer qui a suivi la saison estivale, englou- tissant avec lui les 6 millions d’Euros qu’aura coûté ce chantier.

On le voit, les acteurs locaux concernés doivent opérer un délicat arbitrage entre l’obligation d’intervenir à temps pour proté- ger les personnes et les biens contre un aléa dont la réalisation est difficile à prévoir, et la possibilité d’attendre que, avec l’avancée de la mer, ces risques soient effectivement per- çus par les propriétaires et les convainquent d’accepter une expropriation. Les expériences récentes montrent que la commune n’est pas en mesure de porter seule une telle politique sans l’aide des intercommunalités, tant pour des raisons financières que de réglementa- tions territoriales. Toutefois, au regard des enjeux nationaux, les acteurs locaux ont be- soin d’un soutien de l’État pour concevoir des actions planifiées sur la gestion des risques, trouver des solutions juridiques et des modes de financement.

De l’importance des « laisses de mer »

Le réchauffement climatique n’est pas seul en cause ; les plages sableuses méditerranéennes sont également menacées par l’artificialisation et l’aménagement du littoral, phénomènes particulièrement marqués en France depuis les années 1960. De plus, les impacts cumulés des aménagements réalisés sur ces littoraux avec ceux des bassins versants des fleuves côtiers ont entraîné une réduction des apports de sédiments et une modification de leur transit le long des littoraux, appelée « dérive littorale ». La première conséquence de ce déficit sédimentaire croissant est une érosion de plus en plus prononcée et généralisée du littoral sableux méditerranéen, et en premier lieu des plages. De plus, le nettoyage mécanisé des plages au détriment d’un ramassage sélectif et manuel constitue une menace importante pour les « laisses de mer », parties transitoires entre la mer et les dunes constituées de dépôts d’éléments vivants apportés par la houle et les courants qui ont pour fonction de permettre le développement d’un écosystème fixant le sable et ralentissant l’érosion.

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