Interview de Fabrice Solans

Interview de Fabrice Solans

Maire de Villeneuve-lès-Béziers et Vice-Président de la Communauté d’agglomération Béziers-Méditerranée

Vous venez d’être élu maire de Villeneuve-lès-Béziers et vous récupérez le dossier de la Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan. Que pensez-vous de ce projet ?
Depuis plus de 30 ans que ça dure, on a vu des modifications au gré des changements de gouvernements, des arrêts puis des reprises des études et des travaux… Tout cet argent dépensé pour gagner seulement 20 minutes entre Béziers et Paris.

La situation de votre commune est assez compliquée dans cette affaire.
C’est peu de le dire. Nous sommes les sacrifiés : 200 hectares de terrains gelés depuis 30 ans par l’emprise de la ligne, une première saignée correspondant au tracé récemment modifié qui va impacter tout le nord de Villeneuve avec des maisons et des entreprises rasées et comme cela ne suffisait pas, une seconde saignée pour faire sortir le fret sur Béziers.

Quelles solutions proposez-vous pour remédier à ces problèmes ?
C’est aux pouvoirs publics d’apporter des réponses. J’attends d’eux qu’ils offrent des solutions aux habitants et aux entreprises expropriés pour qu’ils puissent rester sur la commune. à ce jour, je ne vois rien venir en ce sens. Ensuite, je n’ai pas entendu SNCF-Réseau proposer à la commune le moindre dédommagement pour le préjudice passé et à venir. Quand on les écoute, on a l’impression que c’est normal de raser gratis à Villeneuve. Depuis ma prise de fonction, je me bats pour défendre les intérêts de ma ville et de mes administrés dans ce dossier et je ne lâcherai pas. La précédente municipalité a été trop passive et aujourd’hui notre marge de manœuvre est fortement réduite, mais je ne perds pas espoir.

Ne trouvez-vous pas normal que l’état soutienne le fret ferroviaire ?
Si, bien sûr. Mais quand on veut faire les choses bien, on se donne les moyens de ses ambitions. Pourquoi ne pas avoir mis sur la table le financement pour permettre un fret continu de Montpellier à Perpignan ? Au lieu de cela, on a décidé de faire sortir les trains de marchandises à Villeneuve-lès-Béziers pour leur faire reprendre la ligne historique jusqu’à Perpignan. Cela n’a pas de sens et c’est destructeur.

Et la gare nouvelle ?
Au tout début, c’était le site de Nissan-lez-Ensérune qui avait été évoqué. Puis, les Narbonnais ont voulu leur gare. Du coup, les Biterrois aussi. Et on a décidé de la mettre où ? A Villeneuve pardi, et pas au bon endroit en plus.

Vous la verriez où ?
Actuellement, il a été décidé de la positionner près de l’A75. C’est un choix bien peu judicieux car il n’y a aucune interconnexion avec la ligne actuelle. Les 20 minutes gagnées depuis Paris seront perdues en temps de transport pour rejoindre la gare centre de Béziers. Tandis que le site du Canal du Midi a tous les avantages : il permet de construire une gare directement connectée à la ligne actuelle et donc de prendre immédiatement un TER par exemple et il réduit considérablement les contraintes environnementales. C’est cet emplacement qui doit être priorisé par l’état.

Mais si une gare nouvelle est construite, reste-t-il un avenir pour la gare historique de Béziers ?
Déjà, je peux vous assurer que la gare nouvelle se fera même si après l’avoir tant réclamée, presque tous les élus y sont aujourd’hui opposés. Sauf que l’état ne compte pas y renoncer. De fait, l’avenir de la gare historique de Béziers va s’écrire en pointillés. Et ce, malgré les 40 millions d’euros investis par la Région Occitanie pour sa rénovation. à terme, les TGV ne s’arrêteront plus en gare de Béziers quel que soit l’emplacement choisi pour cette gare nouvelle. Donc soit on se met sérieusement autour d’une table pour défendre notre territoire face au rouleau compresseur SNCF et on arrête de gesticuler chacun de notre côté, soit on regardera passer les trains.