Frédéric et Catherine Albert, Villa Sépia
Photo F. Albert

Frédéric et Catherine Albert, Villa Sépia

Frédéric, issu d’une vieille famille de vignerons, a appris très jeune à travailler la vigne avec son grand-père qui en son temps proposait déjà des vins nature. Aux côtés de son aïeul, il s’est nourri de son amour pour le partage du fruit de son travail, de sa technique et de quelques secrets de fabrication Des vins vrais, gourmands, sans artifices qui livrent un terroir brut où s’exprime librement un cépage auquel il rend hommage, millésime après millésime. Catherine est Britannique d’origine galloise, et après des débuts professionnels dans la finance à la City de Londres, elle a poursuivi sa carrière comme directrice générale d’une startup au service de la recherche médicale. Elle a rejoint le domaine en 2018 lorsqu’elle est tombée sous le charme de Frédéric le vigneron mais aussi de ses vins qu’elle a découverts au cours d’une dégustation. Scientifique pragmatique de la famille, son arrivée à la Villa Sépia a contribué au développement du domaine.

Retracez-nous l’historique de votre do- maine.
À la mort de mon grand-père, j’étais trop jeune pour reprendre la suite et mon père et mon oncle n’étaient pas du tout intéressés par la vigne. Puis, J’ai poursuivi des études qui m’ont conduit à m’expatrier en Irlande et à travailler pour le principal importateur de vins du pays. Cela a été l’occasion de découvrir une autre culture et les vins du Nouveau-Monde (Australie, Afrique du Sud, Chili, Canada, Californie…). Sept ans après, en 2011, je suis revenu en France avec l’intention de créer mon propre domaine. J’ai acheté une maison vigneronne à Montblanc sur un terroir bien particulier entouré de bois de chênes et de pins situé au milieu des garrigues avec une biodiversité très riche et des vignes anciennes. Au fil du temps, nous avons constitué un ensemble de 8,5 hectares de vignes et 3,5 hectares d’espaces boisés.

Ici, pas de produits chimiques.

Parlez-nous de votre philosophie, de votre méthode de culture de la vigne.
Nous travaillons le plus naturellement possible pour faire parler ce terroir et révéler les cépages dont certains ont plus de cinquante ans. Ici, pas de produits chimiques, nous sommes en bio et travaillons en biodynamie: compost, enherbement, travail léger des sols, bouillie bordelaise et tisanes à base de plantes. Notre méthode consiste à accompagner le développement de la vigne et du raisin de façon la plus naturelle possible afin d’obtenir une vendange de qualité et une belle concentration du raisin. Comme mon grand-père, je travaille avec le soleil et la lune.

Pas de machine à vendanger sur votre domaine ?
Non, et pour plusieurs raisons. Nous nous considérons comme des artisans vignerons où la main de l’homme pour les vendanges est une évidence. Les machines ont fait des progrès remarquables en quelques années, mais la taille de notre domaine et de nos parcelles anciennes ne sont pas du tout adaptées à la mécanisation. C’est un choix qui a un coût certain sur nos vendanges mais nous l’assumons car cela fait partie d’un tout. Après une vendange à la main, les feuilles de vigne restent intactes pendant plusieurs semaines et vont permettre à chaque pied de constituer des réserves pour l’année sui- vante. C’est un élément important, surtout après une année difficile de sécheresse.

Pensez-vous avoir été parmi les précurseurs dans la biodynamie en Biterrois ? 
Non pas du tout. Nous nous inspirons de différentes méthodes travail comme celle que m’a transmise mon grand-père et d’autres que nous pensons justes et efficaces, comme la biodynamie justement que adaptons librement à notre terroir, toujours au service de la nature. Notre travail consiste modestement à révéler un terroir, un cépage avec un climat donné pour transmettre des émotions aux amateurs de vin. La seule vérité est dans le verre du consommateur.

Le réchauffement climatique a-t-il im- pacté votre production ces dernières années ?
Il est trop tôt pour le dire. L’impact du changement climatique doit être mesuré sur plusieurs années pour pouvoir en tirer des conclusions valables. Pour exemple, si nous regardons les six dernières années, entre 2018 et 2023, les résultats varient considérablement. Là où elle a sa place, la vigne est une culture pérenne, et nous devons tenir compte d’un lissage des récoltes sur plusieurs exercices pour pouvoir nous prononcer sur un réel impact. Pour l’instant, nous ne nous plaignons pas.

Comment s’annonce le cru 2023 ?
Après une année dramatiquement sèche, la qualité des vendanges est exceptionnelle. Nos vieilles vignes ont très bien résisté et donné une vendange relativement abondante malgré la canicule que nous avons vécue.

Photo F. Albert

La montée en gamme observée depuis quelques années couplée au développement de l’œnotourisme et du tourisme patrimonial a entraîné une nouvelle façon de découvrir le vin avec des domaines qui s’ouvrent désormais aux visiteurs. Il semblerait que, là aussi, vous ayez emprunté ce chemin. Que proposez-vous à la Villa Sépia ?

Dès le départ, nous avons eu envie de partager notre passion pour le vin. Le gîte et les chambres d’hôtes nous ont permis d’accueillir au fil des années un public de plus en plus nombreux, curieux et gourmand de découvrir nos produits. Nous nous sommes formés à ce nouveau métier et avons obtenu plusieurs labels (Qualité Tourisme, QualiSud, Vignobles & Découverte, Bienvenue à la ferme…). Nous avons donc développé une gamme de produits d’accueil avec une visite guidée et de dégustation qui connaissent aujourd’hui une bonne fréquentation. Notre région est un atout majeur pour faire découvrir nos vins le temps des vacances et ainsi développer et fidéliser nos ventes en France comme à l’étranger tout au long de l’année. C’est un travail supplémentaire et complémentaire à celui de la vigne, très prenant, mais qui porte ses fruits.

Cette diversification constitue-t-elle un vrai plus financier ou est-ce seulement un moyen de communiquer et de faire mieux connaître le domaine ?
Indéniablement, l’œntourisme doit être considéré comme une activité économique vectrice de développement car malgré la crise économique et l’inflation, les citadins ne rechignent pas à dépenser un peu plus là où il retrouvent de l’authenticité.

Justement, la crise économique et l’inflation ont-elles eu des répercussions significatives sur votre activité ?
Tous nos coûts de production ont explosé en 2023. Cela a eu des conséquences sur notre activité sans que puissions réellement le répercuter sur nos prix. Malgré ce, 2023 est également une année de croissance exceptionnelle de nos ventes, ce qui nous permet de nous en sortir sans trop de dégâts.

Quels sont vos perspectives et projets d’avenir pour les dix prochaines années ? 
Notre principal projet est la construction en 2024 d’une cave éco-responsable au milieu de notre vignoble pour développer tout au long de l’année une activité œnotouristique responsable. Nous sommes convaincus aujourd’hui que notre rôle ne s’arrête plus simplement à produire des vins nature de qualité et de les vendre. Notre démarche doit également être pédagogique pour le consommateur.

Villa Sépia 556, avenue de Béziers à Montblanc
Tél. : 0467119536 / 0637633512
contact@lavillasepia.com
www.lavillasepia.com

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