Et la COVID-19 dans tout ça?

Et la COVID-19 dans tout ça?

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S’il y a un événement que personne n’avait vu venir, c’est bien celui-là. Et ses conséquences risquent fort d’être dévastatrices pour l’économie du sport. En effet, les budgets des clubs professionnels vont être considérablement affectés par le manque à gagner en billeterie et en merchandising, par le retrait de partenaires privés impactés par la crise qui pointe le bout de son nez et par la défection des détenteurs de droits télé. En 2018, le groupe sino-espagnol Mediapro faisait exploser tous les compteurs en raflant l’appel d’offre de retransmission de 80% des matchs de football de Ligue 1 et Ligue 2 sur la période 2020-2024 pour plus de 3 milliards d’euros. Si on ajoute les lots obtenus par les autres diffuseurs, on dépasse les 4,5 milliards d’euros ce qui représente une hausse de plus de 60% par rapport aux quatre saisons précédentes ! Aujourd’hui au bord de la banqueroute, Mediapro a cessé ses paiements et jeté l’éponge. Oui mais voilà, les clubs, les plus puissants comme les plus modestes, ont construit leurs budgets pour les années à venir en se basant essentiellement sur les rentrées d’argent de ces droits télé. Le montant des transferts a augmenté en conséquence, tout comme les salaires des joueurs. Quel va être l’avenir de ces clubs frappés par de lourdes pertes ? Quelles solutions ont-ils pour se sortir de ce guêpier ?

Les chaînes de télé, elles aussi touchées par la crise avec des recettes publicitaires en berne et la chute des abonnements pour les chaînes à péage ne vont-elles pas profiter de l’aubaine pour renégocier les appels d’offres à la baisse ? Ne vont-elles pas être tentées d’investir plus dans des disciplines encore abordables comme le handball ou le volleyball tout en réduisant la voilure sur les sports les plus en vue mais plus coûteux comme le football et le rugby ? Difficile de répondre de manière cartésienne tant les incertitudes sont grandes. Il est évident que les collectivités locales ne pourront pas jouer un rôle salvateur dans cette affaire. Et même s’il met la main à la poche, l’état n’a pas vocation à renflouer les caisses des clubs professionnels ad vitam æternam. Quant aux recettes de billetterie, de brasserie ou de produits dérivés perdus depuis près d’un an, elles ne se rattraperont jamais. Du coup, le modèle du Stade Toulousain, basé sur l’économie réelle, celui qui semblait le plus vertueux et solide, a du plomb dans l’aile ; par contre les clubs soutenus par un mécène sont pour l’instant à l’abri des turbulences. Restent les prêts garantis par l’état, la mise en place du chômage partiel et la bonne volonté des joueurs les mieux payés appelés à faire des sacrifices. Que les gros salaires lèvent le doigt.

LE SPORT PROFESSIONNEL :DU PAIN ET DES JEUX ?

Ce rapide tour d’horizon montre que la réalité de l’économie du sport se situe bien loin de l’image communément admise. Avec des recettes déjà insuffisantes avant la pandémie, le sport professionnel vit à crédit, sous perfusion d’argent public et de mécénat qui échappe à l’impôt. En d’autres termes, ce sont des sommes colossales qui sont détournées de l’intérêt général au profit d’une économie somme toute limitée à quelques milliers d’emplois directs et indirects. Finalement, le grand perdant n’est-il pas le sport amateur, celui qui pourtant a la fonction civique la plus importante en créant du lien social et en favorisant la santé ? Ne fait-on pas ainsi le choix de « l’opium du peuple » au détriment de son bien-être ?