Dire non
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Dire non

Ils s’appellent Paul Boulet, Jules Moch et Vincent Badie. Ce sont les trois parlementaires héraultais qui, le 10 juillet 1940, se sont opposés à l’attribution des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Par ce geste, ils furent l’honneur de la République. Un geste d’autant plus fort que le contexte était particulièrement difficile. Il faut imaginer le traumatisme qui frappe les parlementaires qui ont rejoint Vichy à travers les routes de l’exode de huit millions de Français ; il faut imaginer l’ambiance délétère qui règne dans ce grand casino entre les manœuvres de Laval pour museler toute opposition et la menace sourde d’une intervention des troupes basées à Clermont-Ferrand ; il faut imaginer le désarroi de ces hommes face à l’absence d’un grand nombre de leurs collègues plongés dans les turpitudes des évènements : les passagers du Massilia dont Daladier, Mendès-France, Jean Zay qui avaient rejoint Casablanca pour continuer le combat, Léo Lagrange tué sur le front, les députés communistes déchus, Paul Reynaud victime d’un accident…

Il ne faut pas oublier non plus les difficultés qu’eurent les défenseurs de la République. Alors qu’il montait à la tribune pour justifier son vote, Vincent Badie fut saisi brutalement par les huissiers et un député, fut repoussé, et ne put que crier « Vive la République quand même ! ». La route vers quatre années d’une dictature d’extrême droite était ouverte.

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