Dans l’oeil des syndicats : Carole Tarbouriech, secrétaire de l’union locale CFDT du Biterrois
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Dans l’oeil des syndicats : Carole Tarbouriech, secrétaire de l’union locale CFDT du Biterrois

Comment définiriez-vous le climat social en ce début d’année 2023 ?
Il très compliqué !!! La réforme des retraites, qui n’est pas nécessaire, dans un climat de guerre en Europe, en sortie de crise de la Co- vid 19, avec des hausses de prix de l’énergie et une inflation importante, on peut dire que le gouvernement accentue un climat social compliqué !

Inflation, baisse du pouvoir d’achat, réformes de l’assurance chômage et des retraites, déliquescence des services publics… que proposez-vous pour inverser la tendance ?
La CFDT est porteuse d’un projet de transformation sociale afin de réduire les inégalités et promouvoir la justice sociale et la solidarité. Des avancées sont négociées tous les jours par nos militantes et militants dans toutes les entreprises et les administrations. C’est là où nous travaillons à inverser la tendance. Et c’est bien notre rôle.

Les faillites d’entreprises s’accumulent depuis quelques mois, en voyez-vous les effets au niveau de l’emploi ? Effectivement, on constate de la casse pour les entreprises de Béziers ou du bassin biterrois. Ce sont majoritairement des petites structures qui sont touchées, même si la perte d’emploi pour quelques personnes reste un problème social pour un tissu économique comme le nôtre, mais avant tout une catastrophe humaine pour les gens qui le vivent. De plus, le remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) et le coût de l’énergie pourraient faire surgir de plus grandes difficultés en 2023.

Pensez-vous que dans cette société moderne devenue très individualiste, un grand mouvement de protestation collective, comme nous l’avons connu en mai 68 est encore possible ?
On nous sert toujours ce discours d’une société individualiste et de jeunes peu concernés. C’est simplement la forme de l’investissement qui a changé. Les gens s’investissent toujours, même les jeunes, mais sur des formes d’actions différentes, sur des causes uniques. On le voit pour les nettoyages des plages par des associations comme Project Rescue Océan qui mobilise énormément de personnes ! Donc oui, un grand mouvement de protestation collective est possible, et il semble, aujourd’hui, que beaucoup d’ingrédients soient réunis pour que les gens se mobilisent dès le 19 janvier.

Depuis 2018 et les gilets jaunes, on voit apparaître des mouvements spontanés, voire incontrôlés, hors syndicats, comme cela a été le cas à Noël avec la grève des agents SNCF. Comment expliquez-vous cela ?
Nous pensons à la CFDT, qu’un gouvernement qui ne fait pas vivre le dialogue social, qui évince les organisations syndicales des discussions, qui ne considère pas les corps intermédiaires, pousse à voir émerger ce genre de manifestations. Le gouvernement joue avec le feu en mettant en danger la démocratie en se comportant de la sorte. Ne pas prendre en compte les syndicats, et en ce qui nous concerne l’avis de la CFDT, c’est favoriser des formes de revendications différentes, parfois plus violentes.

Est-ce que de tels mouvements vous amènent à réfléchir à un changement de discours et de pratique militante ?
À la CFDT, nous avons une base solide construite sur nos valeurs qui sont l’émanci- pation, la solidarité, l’égalité et la démocratie. Des acquis sont gagnés sur le terrain, des avancées sont négociées tous les jours par nos militantes et militants dans les entreprises et les administrations. Nous savons que c’est la bonne méthode. Néanmoins, nous avançons aussi sur d’autres formes de militantisme. Le pacte du pouvoir de vivre, qui est une alliance de la société civile initiée par la CFDT en 2019 en est un exemple. Cette alliance compte aujourd’hui 65 organisations et près de 35 groupes locaux dans lesquels sont présentes les unions régionales et d’autres structures de proximité de la CFDT.

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