Coopération : la vie en rose ?

Coopération : la vie en rose ?

Qu’il est loin le temps où, en 1905, Jean Jaurès venait poser la première pierre de l’une des premières caves coopératives de France, à Maraussan ; qu’il est loin le temps où des viticulteurs décidèrent de se regrouper dans le but de mutualiser les coûts, d’écouler leurs stocks sans avoir à brader ou à jeter la vendange précédente pour pouvoir rentrer la nouvelle, et de pouvoir représenter une force face aux négociants.

Un temps fait de hauts et de bas mais qui a tout de même duré près d’un siècle avant que la réalité socio-économique ne rattrape une nouvelle fois les viticulteurs. La surproduction, l’ouverture aux vins étran- gers, la baisse de la consommation et la demande d’une expérience gustative plus qualitative de la part des clients a contraint les coopérateurs à transformer radicalement leur modèle. Un mal pour un bien. Car hier symboles de viticulture de masse et de vins de qualité médiocre, les coopérateurs ont relevé le défi de l’innovation sans pour autant renoncer aux valeurs de solidarité qui font leur force. Désormais, la qualité des cépages, la gestion plus vertueuse de la terre, un processus de vinification amélioré, la vente quasi-exclusive en bouteilles clairement identifiables et une communication pointue et ciblée contribuent de la renommée de vignerons qui peuvent fièrement exhiber les médailles obtenues et des chiffres de ventes records. Pourtant, la partie était loin d’être gagnée et même si tout n’est pas encore rose, leur avenir s’annonce plus radieux que pour les caves particulières dont les exploitants doivent, seuls, faire face à la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, sous-traiter ou faire appel à du conseil extérieur quand la cave coopérative fait des économies d’échelle, absorbe plus facilement ses dépenses énergétiques, a des salariés, des œnologues à demeure, une force commerciale performante et un réseau de distribution sans commune mesure.

Pour s’adapter, des caves qui n’étaient plus rentables et dont la rénovation s’avérait délicate voire impossible ont dû fermer leurs portes, ont parfois même été détruites ou réaffectées ; pour preuve, si l’ex Languedoc-Roussillon comptait près de 600 caves coopératives au mitan des années 70, moins de 300 sont encore en activité aujourd’hui. Ainsi, des fusions ont vu le jour et de nouveaux sites plus fonctionnels et modernes de vinification, d’embouteillage, de vente directe qui répondent à toutes les normes et exigences fleurisssent, non plus en périphérie, mais à la confluence de com- munes qui, jusqu’ici héritières d’un passé individuel, se retrouvent pleinement impli- quées dans cette révolution pour devenir les dépositaires d’un avenir en commun.

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