Quelle culture pour le Biterrois ?

Vous voulez assister pour la 8e fois au spectacle de Vincent Moscato ? Soyez rassurés, il passera incessamment sous peu à Béziers. Allez, on est d’accord, on est un peu chambreurs, la programmation de Zinga-Zanga, la plus grande salle biterroise, est plutôt « mainstream » : beaucoup d’humour, de la variété à la mode, c’est le lot de tous les Zénith de France et de Navarre, nous direz-vous. Certes. Pourtant, pour une ville qui se veut différente voire résistante, quel conformisme. On nous répondra que c’est populaire, que cela remplit des salles, vox populi, vox dei, etc. Mais il y a de quoi s’interroger. Alors que l’on peut voir ce genre de spectacle à peu près partout, ne serait-il pas pertinent de se démarquer par une programmation plus ciblée, plus originale, plus provocante ? Ne serait-ce pas prendre les Biterrois pour des moutons de Panurge que de ne pas tenter d’autres spectacles, sans pour autant verser dans l’élitisme, mais en faisant preuve de plus d’ambition ? Et puis, avec les nombreux cadres montpelliérains et toulousains qui fuient désormais le foncier des métropoles devenu exorbitant (lire Biterre N°2 sur la métropolisation), ne serait-il pas intelligent de leur offrir, outre un cadre de vie agréable, l’environnement culturel qui est pour eux un critère essentiel du choix de leur lieu de vie ? Mais le financement d’un équipement culturel, plus largement, celui de la culture, déchaîne souvent les passions. D’un côté, il y a ceux pour qui l’offre culturelle doit être la plus fournie et large possible, ceux qui pensent que la culture nourrit les esprits et les corps et participe de la maturité d’une nation et qu’elle doit, à ce titre, être universellement accessible quels que soient le statut social et le lieu d’habitation. De l’autre côté, on trouve ceux pour qui la culture coûte et ne rapporte rien ou si peu, qui considèrent qu’elle ne doit pas être une dépense publique ou alors en lien uniquement avec le programme scolaire ; ceux qui refusent que des lieux de culture et les spectacles qui seraient uniquement fréquentés par une élite intellectuelle et sociale – les « bobos » –, soient financés avec de l’argent public alors qu’il y a tant de besoins « plus utiles » qui ne sont pas couverts ; ceux pour qui la culture et les artistes sont déjà suffisamment soutenus par leurs impôts… Le débat n’est pas prêt d’être tranché.


Cette antinomie se retrouve dans les conditions d’accès à la médiathèque ou au cinéma… Faut- il que l’accès soit gratuit et ouvert à tous – et donc que les coûts inhérents à ce service public soient intégralement supportés par la dépense publique ? Ou faut-il que seuls les abonnés, les adhérents, les spectateurs puissent utiliser ledit service ? Dans ce cas, à quel niveau fixe-t-on le montant d’adhésion ou le prix du billet ? À leur coût réel – ce qui les mettrait à des montants tout simplement inaccessibles – ou à des tarifs étudiés de façon à ce qu’il y ait une répartition entre le financement public et le financement par l’usager ? Voilà un vrai choix politique.
Dans Pop Yoga, paru aux éditions Sonatine en 2013, Pacôme Thiellement écrivait que la culture populaire s’oppose à l’idée d’une culture élitiste, qui ne toucherait qu’une partie instruite de la population, mais ne se confond pas avec la culture de masse, produite par cette dite « élite » en vue de conserver la population dans l’ignorance et la misère.

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