Interview de Luc Tapie
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Interview de Luc Tapie

Directeur général de Hérault Culture

Pouvez-vous nous présenter votre équipement culturel et sa philosophie dans le paysage culturel biterrois ? L’équipement du Département est composé d’un théâtre de plus de 400 places. Nous sommes passés d’un chapiteau de toile à un chapiteau de bois, plus un amphithéâtre intérieur « Michel Galabru » et un amphithéâtre extérieur qui tourne à la belle saison et peut accueillir 1000 personnes assises. La chapelle Saint-Félix, une église romane du XIIe siècle, accueille de la musique classique, du théâtre, des expositions… Elle reçoit du jeune public avec une jauge de 150 places et nous avons encore l’espace Hervé di Rosa que nous venons d’inaugurer. Enfin, la villa David sert de résidenced’hébergementpourdescréations. La philosophie de tout cela est simple : nous sommes à la fois un lieu de création artistique et de diffusion sur tous les types de spectacles vivants, danse, cirque, théâtre, musique, mais aussi de l’ensemble des arts visuels. Nous avons commencé par le symposium de cultures sur marbre. Cet été, nous avons travaillé en partenariat avec le musée d’art contemporain de Sérignan avec des artistes de « land art » et d’art contemporain. L’idée, c’est de la culture grande ouverte au domaine de Bayssan, une culture grand public et pour tous les goûts. Pour autant, nous avons un niveau d’exigence requis. Il faut émerveiller les gens.

Quelle est votre zone de rayonnement et comment pourriez-vous l’élargir ?
Le public immédiat se trouve dans un rayon d’environ 30 minutes de Béziers, cela fait beaucoup de monde. Nous allons d’Agde à Bédarieux et jusqu’au Narbonnais. Nous sommes sur une aire qui est bien peuplée mais nous pouvons, en fonction des artistes programmés, en fonction des goûts et des personnes, attirer un public qui vient de Sète et de Montpellier. Quand nous avons fait l’hommage à Nougaro, le public arrivait de partout, de très loin. Nous avons connu cela avec Zingaro où le public est arrivé de toute la région Occitanie.

Quel est le profil de votre public actuel et essayez-vous de le diversifier ?
Nous travaillons avec tous les publics en diversifiant au maximum ce que nous pouvons faire. Nous avons un festival jeune public, nous allons créer un festival de cirque durant les vacances de la Toussaint. Nous avons un public familial et jeune qui vient à Bayssan. Il y en a vraiment pour tous les goûts, même pour les scolaires. On ne peut pas dire, finalement, qu’il y a un public, il y a des publics.

Selon vous, la culture doit-elle être rentable ?
Il y a des types de culture qui le sont. Nous ne sommes pas exactement sur ce schéma là ; l’existence même de la scène de Bayssan est une volonté politique d’avoir un équipement rayonnant à l’ouest du département avec des tarifs sociaux. C’est ainsi que pour obtenir une politique de prix bas, une part des tarifs est prise en charge par les collectivités. La rentabilité dépend de la manière dont on la définit. La culture est un art de vivre, un lien, un élément important dans l’épanouissement des territoires urbains, ruraux, des métropoles. Pour nous, la rentabilité passe au second plan. Il y a bien entendu des types de culture avec des salles que l’on connaît qui ne raisonnent qu’en termes de profits. Nous ne sommes pas sur ce credo. Le Département a cette volonté de mettre la culture à la portée de tous, mais il est quand même important de ne pas générer du déficit.

Comment envisagez-vous l’avenir ?
Nous le voyons radieux. Nous sommes encore en construction. Il y a un public. Nous avons été en transition longtemps puisque la pandémie nous a empêché d’ouvrir. Là, nous sommes en train de reconstruire des habitudes, une image, une philosophie générale et cela ne se fait pas en quelques jours. Nous sommes en pleine renaissance. La saison d’été, que nous venons de traverser, nous laisse pleins d’espoir.

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