Nolika, auto-portrait d’une artiste paradoxale
Photo : Nolika

Nolika, auto-portrait d’une artiste paradoxale

Si son premier EP est chanté en anglais, c’est au Royaume-Uni que la chanteuse originaire de Sauvian a eu le déclic d’écrire en Français. Surtout, pour vaincre sa timidité artistique, elle a exposé ses travaux en cours aux yeux de tous. Sur son deuxième opus, Souvenir d’un Orage, sa voix à la beauté fragile nous envoûte, son univers fantomatique hante nos oreilles tout comme ses enregistrements aux effets étranges, ses Bedroom songs. Paradoxe encore que d’assumer ses défauts, ses aspérités pour les transformer en force créatrice et en faire son identité. Récit d’un parcours peu commun entre le Conservatoire de Béziers, The Voice Belgique et un label Slovaque.

Conviction adolescente et Saez au coin du feu.

J’ai commencé la musique par le violon, au Conservatoire de Béziers. Bon, ça a duré trois mois et je suis me suis finalement tournée vers le piano, puis la guitare au collège, époque rebelle, pour jouer Saez au coin du feu. C’est surement les deux instruments les plus « pratiques » pour la composition de chansons.
Mais déjà je savais que je voulais en faire ma profession. Sur les fiches d’orientation à l’école, dans la case « métier », j’ai toujours écrit «auteur-compositeur». Et s’il est difficile de gagner sa vie avec la musique, c’est un projet dans lequel j’évolue, je progresse en tant que personne, je m’épanouis, et pour moi c’est essentiel.

Inhibition / Exhibition.

Problème : j’étais très timide et je n’étais jamais satisfaite de mes créations. Je fumais pour me désinhiber, mais ça m’angoissait et j’étais rentrée dans une sorte de cercle vicieux. Pour me défaire de ça et vaincre cette timidité, j’ai appuyé là où ça faisait mal. J’ai crée le projet « Nolika » et je me suis lancée sur internet. Je me suis dit que la vidéo pouvait me débloquer. J’avais le syndrome de l’imposteur, je n’arrivais pas à me prendre pour une artiste. Alors, j’ai décidé de montrer les démos. Ce n’est pas parfait, je chante un peu faux, l’enregistrement n’est pas super ? Ce n’est pas grave, j’assume, je suis vulnérable, mais c’est moi et je vous le montre. Je me suis même lancé des challenges, comme publier une ébauche de composition par jour pendant deux semaines sur internet. Cela a marché, les gens ont suivi !
Après avoir partagé la démo avec des retours positifs, j’avais l’énergie et le devoir de faire aboutir la chanson. J’ai alors sorti mon premier EP, Bedroom songs, qu’un label Slovaque, « Z tapes Records », a décidé de promouvoir. Grâce à eux, on peut trouver des cassettes à bandes de mon disque au Japon et au Philippines !

“C’est l’authenticité qui compte”

En transit.

En 2012, je suis partie à l’aventure pour plusieurs années et j’ai appris mon métier sur les routes d’Europe. J’ai commencé par suivre en tournée le groupe belge Balthazar, en mode groupie. Ils m’ont pris pour une folle je crois. Leur tournée finissait chez eux, à Bruxelles, et comme j’aimais la scène belge, je suis restée. J’ai fait de belles rencontres, joué dans la rue, squatté chez les gens. Puis, j’ai rejoint un ami à Amsterdam qui travaillait dans une auberge ; je menais une vie de bohème en jouant la journée pour me payer ma chambre le soir.
De retour à Bruxelles, une amie m’invite à passer le casting de l’émission The Voice. Je n’y croyais pas une seconde, moi, fragile, sans cours de chant, avec toutes mes imperfections… Devant l’insistance de mon amie, j’accepte, et je suis sélectionnée ! J’ai eu la chance d’être coaché par Matthew Irons, le chanteur de Puggy, un groupe que j’aime beaucoup. Et puis la télé, les prime time, toute cette folie, c’est vraiment incroyable… J’ai terminé ce petit tour d’Europe par Londres et c’est là que j’ai fini de me désinhiber ; j’ai définitivement lâché prise dans ma quête créative. Au fil de ces expériences, j’ai aussi compris qu’il me fallait écrire en français. En améliorant mon anglais, j’ai eu conscience de la profondeur des textes anglophones que j’aimais et il m’a semblé que je n’arriverais à exprimer mes sentiments de la manière la plus exacte que dans ma langue maternelle. Mon univers s’est précisé et plus je me mettais à nu, plus je prenais de plaisir dans la composition. Finalement, c’est l’authenticité qui compte.

Retour au pays natal.

Et j’ai eu le bonheur d’avoir ma fille prénommée Avril. Forcément, j’ai adapté ma vie et je suis revenue m’installer dans le Sud, où résident mes amis et ma famille. C’est le cadre parfait pour élever ma fille, plus tranquille que les grandes villes. Pour la musique, il y a aussi moins de concurrence. À Béziers, je crois que mon style peut trouver son public ; il y a tout à faire, l’offre n’est pas gigantesque, ce n’est pas la compétition et ça fait du bien. Parfois on peut avoir l’impression que créer est réservé à une élite et qu’on va être jugé pour ses erreurs. Il faut s’affranchir de ça. On crée et on s’en fout !

nolikamusic.com
youtube.com/c/nolikavideos

Photo : Nolika

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