MATA HARI, le post-punk électrifiant
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MATA HARI, le post-punk électrifiant

Avant de mettre en boîte et présenter un deuxième E.P. attendu impatiemment par les amateurs de leur post-punk électrifiant, les jeunes gens aux idées claires nous livrent un entretien sans langue de bois. Un groupe à suivre, qui « fait les choses sérieusement sans se prendre au sérieux ».

Quelle est l’origine de votre nom ?
Paul : Mata Hari est une femme qui a mené une vie aussi tragique qu’extraordinaire. Espionne, contre-espionne, danseuse exotique, prostituée, sulfureuse et excentrique, elle a subi des violences conjugales et est morte fusillée pendant la première guerre mondiale. Elle symbolise plusieurs combats et on se sent proche de son côté subversif et de son insoumission. Aussi, on trouve cool le fait d’être un groupe punk composé de trois mecs avec un nom de femme. C’est un joli pied-de-nez.

Dans quelle mesure Béziers (ou Alès pour Paul Gauloise) vous a-t-elle influencé ?
Paul : On peut dire que c’est comparable : deux petites villes de province fauchées, avec le chômage et la misère qui vont avec. C’est propice à la création puisqu’il n’y a rien. Il faut se rassembler, entreprendre ensemble, agir et proposer quelque chose. Tu peux faire du sport, tu peux faire de l’art ; nous on a choisi naturellement la musique. Alès est une ancienne cité minière, aujourd’hui sinistrée. J’ai fait la connexion avec les groupes de Manchester, de Liverpool. Ces villes ouvrières souvent moroses produisent des artistes ou des sportifs à la personnalité bien trempée.

On retrouve tout cela dans vos textes ?
Téo : Entre autres, oui. On se pose des questions. D’où on part, où est ce qu’on veut aller ? L’envie de changer les choses, un questionnement sur notre identité aussi. Comprendre le monde qui nous entoure et essayer de nous comprendre nous-mêmes. Pour les chansons de notre premier E.P., Building Site, la ville est le cadre, le décorum des chansons, et on décrit ce qu’on ressent à l’intérieur, nos sentiments, notre quotidien,le fait d’être né à Béziers, d’y avoir grandi avec tout ce qu’il s’y passe. D’une certaine façon, la vie qu’on mène est influencée par l’endroit où l’on vit.

Parlez-nous de la scène rock biterroise que vous avez connue ces 10 dernières années.
Téo
: Quand J’avais 15 ans, Béziers, c’était Manchester! Tous mes potes avaient un groupe. C’était vraiment incroyable, des concerts presque tous les week-end ! Mais il n’y avait aucune structure. On répètait dans les caves et on jouait dans les pubs. Il y a même eu des festivals mais il n’y avait aucun accompagnement, aucun dispositif pour valoriser cette culture indépendante, alors qu’il y avait une envie et une demande.

Téo, tu es né à Béziers, comment la ville a-t-elle évolué en 25 ans ?
Téo
: Au niveau de la culture, j’ai toujours connu Béziers à la ramasse, c’est comme ça depuis que je suis né. Les concerts dans les pubs c’est fini car ça importune les voisins, et les salles comme Zinga-Zanga ou le théâtre municipal n’ont aucune programmation intéressante, se contentant des têtes d’affiche commerciales. Il n’y pas de salle de concert à Béziers ! Le seul cinéma de la ville se trouve dans le centre commercial, pareil pour le disquaire. Les grandes marques ont remplacé les petits commerçants… À ce niveau-là, rien n’a changé… Je pense aussi qu’on donne trop d’importance à la politique. On peut agir sans elle. Bien sûr, il y a des choses contre lesquelles il faut se dresser et se battre, mais concernant le maire de Béziers il n’y a pas de mauvaise pub pour lui. En tout cas, il ne faut pas croire que Ménard représente Béziers, c’est faux. Il y a eu une vie avant, il y a une opposition pendant et il se passera des choses après.

Comment voyez-vous le paysage musical français entre les médias, les programmateurs, les labels, les groupes et les structures qui travaillent dans l’ombre ?
Paul : Il y a une sorte de dualité entre d’un côté les super rencontres qu’on a faites comme les Fabulous Sheep à Béziers ou Sovox à Marseille, les moments magiques qu’on vit au contact du public dans des endroits tenus par des passionnés, et d’un autre côté un milieu professionnel qui peut être froid ou sectaire…
Téo : Pour nous, la musique c’est pas un Perfecto et des bottines, c’est un message, des valeurs que tu défends, une histoire d’amitié aussi. On peut regretter que les médias ne mettent pas plus en valeur des artistes à la personnalité assumée. Comme certains programmateurs ou producteurs qui ne vont plus fouiller pour présenter un groupe original au public mais se basent sur la popularité des réseaux sociaux et ne prennent aucun risque. Bien sûr, on préfère retenir les belles rencontres et les bons moments.

Sur quel projet travaillez-vous en ce moment ?
Téo
: On a beaucoup composé ces derniers mois et le deuxième disque prend forme, c’est du concret dans nos têtes : on a les morceaux, le titre, des idées de pochette, des plans pour enregistrer…

Pouvez-vous nous dévoiler le titre du prochain disque ?
Paul
: Nous allons rester silencieux… (ils se marrent)
Téo : C’est le titre de l’E.P. : «Remind Silence ».

https://www.facebook.com/matahari.trio
https://latetedelartiste.com/mata-hari/

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