Laurent Bernadac, le virtuose du violon
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Laurent Bernadac, le virtuose du violon

Laurent Bernadac est ingénieur en génie mécanique à Toulouse. C’est aussi un virtuose primé au conservatoire de musique de Toulouse section violon jazz. En 2012, il décide de créer son propre instrument de musique et c’est ainsi que trois années plus tard est né le 3Dvarius, un violon électrique imprimé en 3D pas plus lourd qu’un instrument classique. Depuis plusieurs mois, Laurent Bernadac a installé sa start-up à Béziers, sa ville de coeur. Sa ville de naissance.

Comment vous est venue l’idée de concevoir ce violon ?
Au début, ce n’était rien d’autre qu’un projet personnel. Pratiquant le violon jazz, je voulais mon propre instrument, à ma main. J’ai commencer par améliorer quelques détails pour le son. Puis je me suis lancé dans un projet de plus grande envergure en me servant de mes compétences pour travailler tout autrement. C’est comme ça qu’en trois ans est né le 3Dvarius.

En terme de conception, qu’est-ce qui vous a guidé ?
Je voulais que mon instrument soit élégant et discret. Il fallait qu’il soit robuste, transparent, fiable et léger. Surtout pas plus lourd qu’un violon classique. Mais il fallait aussi que le son soit le plus pur possible. Il y avait donc énormément de critères de qualité à prendre en compte. Dans ce design unique que je crée, il fallait aussi que je retrouve le même confort de jeu que sur un instrument traditionnel. Cela a demandé du temps et de très nombreux essais.

Pourquoi un instrument transparent ?
Je voulais que la lumière fasse partie du spectacle. J’ai d’abord travaillé un violon en aluminium, mais je ne pouvais pas réaliser mon projet. C’est donc vers le polycarbonate que je me suis tourné. Puis, j’ai utilisé la stéréolithographie pour l’imprimer en 3D. À partir de là, je pouvais réaliser les formes que je souhaitais tout en respectant toutes les contraintes de résistance. Je pouvais aussi le décorer à souhait.

“La Région Occitanie nous aide beaucoup dans notre développement”

Depuis, vous avez lancé la commercialisation de votre instrument. Où en êtes-vous ?
Au tout début, nous étions deux dans l’aventure qui a débuté à Toulouse. Nous sommes désormais cinq et nous sommes installés à Béziers. C’est un vrai retour aux sources. Nous n’avions au départ qu’un seul modèle de violon, un quatre cordes, puis nous sommes passés au cinq cordes. Nous avons pu régler tous les problèmes techniques de ces premières transformations. La Région nous aide beaucoup dans notre développement et il est bon aussi de savoir que l’Occitanie est en tête des régions de France pour tout ce qui concerne les nouvelles technologies. Il y a dans les services des gens très pointus qui nous suivent et nous aident vraiment.

Comment s’est fait ce retour à Béziers ?
Pour ne rien vous cacher, j’ai voulu changer de vie et revenir au pays. Géraldine, mon associée, est aussi de Béziers. Ici, franchement tout est plus simple et Toulouse n’est pas loin. Finalement, cela s’est fait naturellement. Et autant le dire aussi, pour une entreprise, il n’y a pas photo : tout est moins cher ici en termes de locaux. Nous avons pu ouvrir un vrai atelier. C’est vraiment intéressant.

Une gamme d’instruments qui s’est donc élargie ?
Oui ! Aujourd’hui nous fabriquons aussi des micros, ce qui n’était pas le cas auparavant. Il y a quarante fabriquants aux USA et nous sommes dans les trois premiers sur ce marché mondial, juste derrière les monstres dans ce domaine. Nous vendons même aux sociétés spécialisées dans le domaine musical. Nous avons mis au point un système avec un capteur par corde pour rendre le son encore plus clair.

Un sacré bond en avant.
Vraiment. En plus, nous avons fait des violons six cordes et même un avec sept cordes pour l’ex-violoniste de Led Zeppelin. Cela marche tellement bien que nous avons beaucoup d’artistes qui nous demandent des instruments. Ce sont nos ambassadeurs : Jonathan Warren dans le country ; Camilla Bäckman, violoniste au Cirque du Soleil; Raoul Marquès et même Catherine Lara. Enfin, il y en a énormément…

Vous restez toujours sur le violon transparent ?
Non. Nous travaillons aussi avec un entrepreneur de l’Aveyron qui nous fait des corps en bois toujours travaillés en 3D sur une machine cinq axes. Nous l’avons appelé le « Line » ; il est construit en hêtre et avec du sippo. Le violon est fabriqué en 1h30, hors finitions. Mais cela donne un résultat vraiment fantastique.

Le son reste le même ?
Oui, chaque matière a ses spécificités et chaque bois aussi. Nous sommes même parvenus à créer un violon mixte bois et transparent. Pour ces deux derniers modèles, nous avons des exemplaires de quatre à six cordes, mais uniquement pour le marché américain.

Nous évoquions au début de cet entretien l’importance de la lumière dans la réalisation du 3Dvarius. Vous avez aussi mis au point un violon qui change de couleur ?
Exactement. Il est blanc. Nous l’avons équipé de capteurs et d’un ordinateur et chaque note, chaque son, font varier la couleur de l’instrument. C’est très visuel, mais aussi très poétique. Nous en avons beaucoup vendu à Dubaï. En revanche, il est un peu plus lourd. Nous sommes en train de travailler sur un projet qui permettrait, depuis les capteurs de sons du violon, de faire réagir en direct la table-lumière pour jouer avec les éclairages de toute la salle.

Vous même, vous utilisez ces instruments ?
Chacun a un son différent. En fonction de ce que je vais jouer, j’ai un violon qui a un son plus chaud ou plus dur. C’est l’avantage de jouer du jazz. On peut improviser, c’est un vrai jeu. Mais les Biterrois peuvent me retrouver sur Youtube et encore sur des concerts qui vont arriver dans les prochaines semaines.

Vous avez encore le temps de jouer ?
Heureusement. La pandémie a bloqué pas mal de nos déplacements, mais je développe toujours des idées musicales. Il y a eu dernièrement « Béziers en danse », une de mes musiques. J’ai dernièrement créé un nouveau titre qui sortira cet été. Je travaille encore sur des chansons.

Des projets d’avenir ?
Oui, un beau projet. Nous sommes en train de travailler sur un violoncelle. Le corps est déjà fait. Il ne sera qu’en bois car en 3D c’est impossible. Il faudra réaliser un harnais pour le violoncelle car les joueurs de jazz se promènent beaucoup sur scène. Il nous faudra travailler sur deux versions, pour les classiques et pour les jazzmen. Et pourquoi pas passer à la contrebasse ? C’est anecdotique, mais nous avons tenté une conception de guitare pour nous amuser.

www.3d-varius.com/fr
contact@3d-varius.com

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