Stéphane Aguilar, Président de la section jeunes de l’ASB football

Stéphane Aguilar, Président de la section jeunes de l’ASB football

Stéphane Aguilar, qui êtes-vous ?

J’ai 54 ans, marié, père de deux enfants, ancien joueur amateur formé à l’ASB, puis éducateur aux Cheminots de Béziers et désormais dirigeant à l’ASB.

Quel est votre rôle au sein de l’ASB football ?

Je suis président de la section jeunes. Je gère toutes les équipes des U6 aux U19. Je sélectionne parmi les nombreux profils qui nous parviennent les éducateurs qui seront en charge de la formation. Je mets pour cela en place les grandes lignes de la politique sportive « jeune » du club à travers le « projet club » animé par deux responsables techniques, un pour le foot à 5 et à 8, et un pour le foot à 11. Je préside également la commission recrutement « jeunes joueurs » en lien avec les éducateurs.

Quelle est l’importance de la formation pour un club comme l’ASB ?

C’est de faire émerger le plus possible de jeunes pour étoffer les équipes de U17 nationaux et de U19 nationaux. Ces deux équipes qui évoluent au plus haut niveau en France doivent à terme fournir un maximum de joueurs pour l’équipe première. Cette réussite dans la formation est due en partie à la fusion des trois clubs principaux du Biterrois en 2007 : l’AS Cheminots de Béziers, le BFC34 et l’AS Saint-Chinian qui étaient les trois clubs phares du moment. Mais sans les sections sportives des collèges Jean-Perrin et la Dullague, ainsi que du lycée Jean-Moulin, nous ne ferions pas partie des meilleurs clubs formateurs en Occitanie. C’est la conjugaison de tous ces facteurs qui nous a permis de hisser le niveau d’une formation qui était chancelante après plusieurs décennies d’absence de Béziers dans l’élite du football français.

Pourtant, comme d’autres clubs de villes moyennes, il semblerait qu’il y ait une fuite des meilleurs joueurs que vous formez vers des clubs plus en vue comme Montpellier, Marseille ou Toulouse. Qu’est-ce qui empêche ces jeunes de rester plus longtemps à Béziers ?

Ils ne s’en vont pas seulement vers les clubs régionaux que vous citez, mais dans toute la France. Nous avons eu des départs pour les plus prestigieux centres de formation comme le Havre, Auxerre, Bordeaux ou Saint-Etienne entre autres. Plusieurs conditions empêchent les meilleurs joueurs de rester à Béziers : le manque d’un centre de formation dû à une trop longue absence du foot biterrois dans l’élite, la récente montée du club en Ligue 2 ayant été trop brève pour être autorisés à en créer un ; le manque de certaines filières d’enseignement supérieur qui pousse logiquement certains joueurs à quitter la ville et donc le club pour des destinations qui proposent un plus large choix de disciplines. Par exemple, les jeunes qui veulent se former dans les métiers du sport comme le STAPS (Sciences techniques activités physique et sportive) sont contraints de poursuivre leurs études et donc leur parcours sportif ailleurs qu’à Béziers. Nous avons créé avec le club de rugby et de volley l’Institut des Métiers du Sport Biterrois (IMSB) qui forme des apprentis BPJEPS, futurs éducateurs et moniteurs. Cela ne règle pas la problématique du manque de filières  d’enseignement supérieur à Béziers, mais c’est toujours ça de pris.

Le Biterrois possède-t-il un vivier de jeunes joueurs suffisant ou faut-il aller chercher des talents beaucoup plus loin ?

Il faut aller chercher des joueurs beaucoup plus loin. Béziers est une terre de rugby avant tout, contrairement à Nîmes ou Montpellier qui sont historiquement des villes qui ne vibraient que pour le football. Forcément, on trouve moins de clubs et donc moins de jeunes espoirs dans le Biterrois. Une autre raison est tout simplement socio-démographique avec un nombre d’étudiants, et donc de jeunes, beaucoup plus important à Montpellier qu’à Béziers.

Quels sont vos rapports avec les clubs des villages voisins ?

Contrairement au Montpelliérain où les clubs satellites savent qu’ils forment des joueurs dont certains iront rejoindre le centre de formation de la ville centre, chez nous c’est bien différent. Les clubs ont gardé cet esprit de clocher, ce qui peut être une bonne chose, mais qui a aussi son côté obscur, à savoir qu’ils font tout pour garder certains joueurs alors que ceux-ci ont toutes les capacités à jouer à un niveau supérieur. Nous ne sommes pas là pour piller les clubs des villages mais nous avons besoin de leur soutien pour nous aider à détecter et à peaufiner la formation de ces jeunes joueurs qui pourraient faire une bonne carrière dans le football. Parfois, ces jeunes ne réussissent pas chez nous et ils retournent dans leur club d’origine, mais nantis d’une formation qui les a rendus encore meilleurs que ce qu’ils étaient à leur départ.