Béziers entre deux métropoles

Béziers entre deux métropoles

L’aménagement du territoire : du jacobinisme à la concurrence entre les collectivités ?

La métropolisation est un processus à l’œuvre à l’échelle mondiale qui dépasse largement le cadre de notre petit territoire. Pourtant, le Biterrois comme d’autres en fait les frais. Ce phénomène, c’est en réalité la concentration des activités, des flux économiques et humains sur les grandes métropoles supposées être les foyers principaux de la croissance économique et de l’innovation dans le cadre de l’économie mondialisée contemporaine. C’est bien évidemment le cas de Montpellier et de Toulouse qui, à travers l’ingénierie médicale et les activités aérospatiales, ont un rayonnement mondial. L’hégémonie montpelliéraine s’est étendue au-delà des seules frontières de son territoire au cours des années 90. Sa croissance insolente accentuée par le développement éclair de son agglomération a contribué d’un fort déséquilibre départemental. Les zones naturelles protégées de la Camargue freinant son expansion à l’Est, la « surdouée » a progressivement étendu son influence vers le Sud et l’Ouest de l’Hérault jusqu’à empiéter sur le grand biterrois. Ainsi, un nombre sans cesse croissant d’actifs provenant des agglomérations de Sète, d’Agde et de Béziers travaillent aujourd’hui dans la capitale languedocienne. L’amélioration des liaisons entre Montpellier et l’Ouest du département grâce notamment à l’arrivée de l’A75 a joué un rôle majeur dans l’affirmation de son influence sur le Biterrois. Dans ce contexte, les villes moyennes sont écrasées par l’attractivité de ces métropoles qui les vident de leurs forces vives. Les centres-villes perdent les sièges d’administration et d’entreprises, se trouvant progressivement décharnés. Faute de débouchés scolaires et professionnels, les jeunes sont contraints à leur tour de s’exiler vers les métropoles. La taille humaine vantée dans les contrats état-Région a fait long feu ; l’exode des classes moyennes dans les zones pavillonnaires achève de détricoter le tissu social et d’archipéliser l’espace. Or, depuis dix à quinze ans, les politiques territoriales ont tendance à se centrer sur les métropoles. L’état a mis en place des pôles de compétitivité, les métropoles administratives, et, plus récemment, la labellisation « French Tech ». D’un aménagement jacobin égalitaire, on a basculé en faveur d’un état stratège qui arbitre la compétition entre les territoires. Cet « abandon » par l’état des villes moyennes et de leurs territoires ruraux et périurbains a des conséquences directes : les basculements à l’extrême droite de Béziers, Beaucaire et Perpignan entre autres sont des signes qui traduisent pour partie cette problématique. La crise des gilets jaunes en 2018 est un autre de ces symptômes. Il y a donc urgence. Urgence pour alerter l’état mais aussi urgence pour que les responsables locaux prennent la mesure de ce processus et saisissent le problème à bras le corps en inventant un aménagement du XXIème siècle avec la même promesse d’égalité territoriale que par le passé.

Historique de la décentralisation : de la Datar à l’égalité des territoires