Interview de Gilles D’Ettore

Interview de Gilles D’Ettore

Maire d’Agde et Président de la Communauté d’agglomération Hérault Méditerranée

Entre des métropoles attractives démographiquement et qui captent les activités, les villes moyennes sont à la peine. Comment les collectivités territoriales interviennent-elles pour compenser ces déséquilibres ?
Les villes moyennes peuvent offrir à leurs résidents une qualité de vie que seule leur dimension raisonnable, conciliée avec une présence forte des équipements et des services publics peut rendre possible. Vivre à un autre rythme tout en s’inscrivant pleinement dans le mouvement de la modernité donne leur singularité à nos territoires. Il nous appartient, à nous élus locaux, de maîtriser cette attractivité pour conserver à nos cités l’équilibre et l’harmonie qui les caractérisent.

La décentralisation avait pour but de rapprocher la décision du terrain. Or, de nombreux citoyens se sentent éloignés de leurs représentants territoriaux. Comment combler ce fossé démocratique ?Je ne pense pas que de nombreux citoyens se sentent éloignés de leurs élus locaux. Au contraire, les maires sont aujourd’hui les élus les plus appréciés du fait de leur proximité et de l’aspect concret, pour les administrés, du travail qu’ils accomplissent. L’éloignement concerne plutôt les élus nationaux, notamment les parlementaires qui, du fait du non cumul des mandats, ne sont plus à la tête d’exécutifs locaux et ne sont plus suffisamment au contact des réalités des territoires qu’ils représentent.

Quel doit être selon vous le rôle de l’état aujourd’hui dans les politiques d’aménagement du territoire et de rééquilibrage ?
L’état devrait être facilitateur. Or, aujourd’hui, trop de contraintes et de réglementations, pas toujours rationnelles, briment l’esprit d’initiative et ralentissent considérablement l’action publique. Paradoxalement, le Préfet devrait être renforcé dans ses prérogatives pour devenir l’unique arbitre des décisions prises par l’État dans le département et ne plus laisser les élus locaux aux prises avec de multiples décideurs aux choix parfois contradictoires.

Le positionnement médiatico-polémique de certains élus locaux peut-il nuire à l’engagement de l’ensemble du millefeuille territorial en faveur de la redynamisation de certains territoires ?
Les élus locaux ne sont pas dans la polémique médiatique. Ils en sont parfois la cible lors de périodes électorales quand leurs opposants choisissent la facilité en diffusant ce que l’on appelle aujourd’hui des fake-news. Le débat démocratique souffre alors d’une déconnexion totale d’avec les vrais enjeux. Mais dans la réalité du quotidien, les élus locaux doivent affronter les difficultés que connaissent leurs concitoyens et préparer l’avenir de leur territoire. Et croyez-moi, la polémique est bien éloignée de leurs préoccupations.