COVID-19 – Les violences faites aux femmes

COVID-19 – Les violences faites aux femmes

La Covid-19 n’a pas que des conséquences sanitaires. L’épidémie fait aussi des victimes collatérales, notamment les femmes.

Les ravages du confinement

Le 3919, numéro national de référence pour les femmes victimes de violences, a reçu pas moins de 44 235 appels, soit une hausse de 400% entre le 16 mars et le 10 mai 2020, dates qui correspondent à la période du premier confinement. Dans le même temps, les plaintes pour violences conjugales ont augmenté de 36% selon le secrétariat d’État à l’égalité hommes-femmes. Dès la première semaine de confinement, les chiffres montraient déjà une augmentation des violences conjugales d’environ 30% en France. Certaines femmes n’avaient jamais subi de violences auparavant et, pour d’autres, la situation s’est aggravée. Avec les confinements mis en place depuis la crise sanitaire, de nombreuses personnes victimes de violences conjugales se sont retrouvées enfermées chez elles avec leur bourreau. Bilan de l’année 2020 : 111 femmes ont succombé aux coups de leur conjoint ou ex-conjoint, soit près d’un décès tous les trois jours. Ces meurtres sont le stade ultime des violences conjugales dont sont chaque année victimes plus de 210 000 femmes.

Les réseaux sociaux à la rescousse

En cette nouvelle année, tous les acteurs concernés s’accordent à dire que la lutte contre les violences conjugales est loin d’être terminée. Sept femmes victimes sur dix déclarent avoir subi des faits répétés et huit sur dix disent avoir également été soumises à des atteintes psychologiques ou à des agressions verbales. Dans 91% des cas, ces agressions ont été perpétrées par une personne connue de la victime. Dans 47 % des cas, c’est le mari, le concubin, le pacsé, le petit-ami - actuel ou ancien - qui est l’auteur des faits. Ces chiffres sous-estiment pourtant le phénomène des violences faites aux femmes dans notre société car seules 18% d’entre elles déposent plainte en gendarmerie ou au commissariat de police. On constate cependant une meilleure révélation des faits suite à l’affaire « Weinstein » et les mouvements anti-harcèlement qu’elle a déclenchés dans le monde entier. Depuis le mois d’octobre 2017 et le début du mouvement #MeToo, le nombre de victimes de violences sexuelles connues des forces de sécurité a augmenté de 23%.

En 2018, une loi pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles a été adoptée par le Parlement. Au cours des débats, un des articles du projet de loi, intitulé « outrage sexiste », a provoqué de la part de la députée de l’Hérault, Emmanuelle Ménard, le dépôt d’un amendement visant à empêcher les contraventions pour « outrages sexistes » lors de faits de harcèlement dans l’espace public, la députée regrettant « une chasse à l’homme ». 

L’hébergement d’urgence

Face aux situations qu’elles rencontrent, on déplore le manque de solutions pour les femmes victimes de violences, notamment en terme d’accueil. Dans le Biterrois, depuis le début de l’année 2020, les demandes d’hébergement de femmes battues ont fortement augmenté. L’association « L’Amicale du Nid » qui gère le centre de Béziers a été sollicitée dès la deuxième quinzaine du mois de mars, au début du premier confinement. Ce centre d’accueil pour victimes de violences avait ouvert ses portes à Béziers en janvier 2019 grâce à des accords entre les différents financeurs : l’état, le Département, l’Agglomération Béziers-Méditerranée et L’Amicale du Nid dont la mairie de Béziers ne fait pas partie. En 2019, une quarantaine de femmes ainsi que 30 enfants ont été accompagnés et hébergés dans l’un des appartements individuels ou collectifs dont elle dispose. Ce chiffre, atteint dès le mois de mai 2020, n’a cessé d’augmenter au cours de l’année et 31 femmes n’ont pu être accueillies en 2020, l’association ne disposant que d’une vingtaine de places dans le Biterrois.

Le 3919 permet à toutes les femmes qui en ont besoin d’être orientées vers un service qui pourrait les accueillir après avoir subi des violences conjugales, sexuelles ou professionnelles, des mariages forcés ou des mutilations sexuelles. Ce numéro est gratuit et anonyme. Il n’apparaît pas sur les relevés téléphoniques.

Le 3919 n’est pas un numéro d’urgence : en cas de danger immédiat, il faut appeler la police, la gendarmerie en contactant le 17 ou le 114 par SMS.