Interview Didier Codorniou

Interview Didier Codorniou

Didier Codorniou

Né le 13 février 1958
Champion de France 1979 (Narbonne), 1989 (Toulouse)
Challenge Du Manoir 1978, 1979, 1984 (Narbonne), 1988 (Toulouse)
31 sélections en équipe de France
Grand Chelem en 1981

Que vous inspire la situation de l’ASBH et du Racing Club Narbonnais aujourd’hui ?

Les volontés sont communes d’essayer d’élever le niveau et de monter au palier supérieur. Narbonne a envie de retrouver la PRO D2 et Béziers entend se maintenir ou rejoindre le TOP 14. Il y a le tempérament de ces deux clubs qui va jouer pour retrouver le prestige d’antan. C’est difficile, mais ce n’est pas impossible.

Croyez-vous qu’un mécène ou qu’une entreprise d’envergure puisse investir suffisamment d’argent dans l’un des deux clubs pour lui permettre de rejouer les premiers rôles dans le rugby français et ce, de façon pérenne ?

Un mécène peut faire ce choix d’investir sur l’un des deux clubs parce que nous sommes au carrefour de l’Occitanie avec des infrastructures commerciales importantes, des ports, des aéroports et une activité économique qui peut intéresser. Ces deux clubs restent brillants et populaires. J’ai espoir. Il y a eu des exemples dans d’autres villes et cela peut se reproduire.

À l’heure du professionnalisme, trouvez-vous justifié que les collectivités injectent encore de l’argent public pour sauver les clubs qui souffrent d’un déficit structurel permanent ?

Nous sommes dans un ratio où nous avons un effet levier. Quand une collectivité investi un euro, l’effet peut être multiplié par 10 ou 20 en fonction de l’attractivité d’un territoire. Alors, avec des règles bien précises, les collectivités ont compris que les clubs de la région avaient besoin d’aides et qu’ils étaient des vitrines. Georges Frêche avait compris que Montpellier, Béziers, Narbonne, Carcassonne et Perpignan avaient besoin d’être aidés par les collectivités parce que derrière il y avait de la formation et des infrastructures importantes. Ces investissements sont pour moi toujours justifiés.

Béziers et Narbonne, deux villes moyennes situées entre les métropoles de Montpellier et de Toulouse, ont-elles encore les moyens d’exister rugbystiquement, chacune de leur côté ?

Ils existent déjà ! Les deux clubs ont des centres de formation performants qui fournissent des jeunes. L’ASBH et le RCN attirent des jeunes de l’hexagone et de l’étranger par leurs noms prestigieux et parce qu’ils ont envie de faire leurs armes sur ces terrains mythiques. Ces clubs résistent, plus pour Narbonne que Béziers aujourd’hui parce que les échelons sont difficiles à gravir. Nous sommes sur un ancrage territorial, sur des équipes de proximité. La volonté des hommes fait que les résultats peuvent suivre. La Fédération a prévu de revoir les règles pour qu’il y ait plus de temps de jeu pour les jeunes. Ils vont briller de nouveau. Et puis, il ne faut pas négliger le rugby féminin qui évolue bien dans ces deux structures. C’est à prendre en compte pour l’avenir des deux clubs. C’est une évolution à suivre et ce sera très intéressant.

Vous avez vécu les grandes heures des duels entre l’ASB et le RCN ; les deux clubs sont au plus mal, ne devrait-on pas mettre les rivalités du passé de côté pour construire un seul grand club avec un vivier de joueurs et un budget capable de rivaliser avec ceux du TOP 14 ?

Francis Sénégas a été un des premiers patrons du rugby Languedocien à l’évoquer. Si cela n’a pas été fait aujourd’hui c’est que cela ne devait pas se faire, peut-être parce que les cultures de ces deux clubs sont différentes. Béziers détient 11 boucliers de Brennus, Narbonne a gagné 9 fois le Du Manoir. Pour ce qui est de la fusion, seule l’évolution du championnat permettra d’aller dans ce sens. Cela, avec des grands clubs de province et donc, à ce moment là, la fusion se fera dans le cadre d’un championnat domestique approprié. Pour l’instant, tout cela appartient aux instances fédérales et c’est difficile à mettre en place.