Viticulture : une révolution silencieuse

Viticulture : une révolution silencieuse

Personne ne peut dire que l’histoire de la viticulture s’est écoulée comme un long fleuve tranquille, surtout depuis un peu plus d’un siècle. Jusqu’en 1907 et la crise majeure qu’a connue la filière cette année-là, la viticulture était plutôt prospère et faisait vivre tout un territoire dont l’économie reposait essentiellement sur sa monoculture. Depuis, elle a connu plus de bas que de hauts. Le tournant des années 70 et le choix de basculer dans la qualité en buvant moins mais mieux s’est pourtant avéré payant, mais au détriment des plus petits exploitants peu à peu avalés par les plus gros. Et puis, une accumulation de facteurs aggravants (urbanisation galopante, réchauffement climatique, gel, inflation, sanctions américaines sur les exportations, Covid, baisse de la consommation…) a conduit à une diminution constante de la surface cultivée. Résultat : l’incertitude pèse sur l’avenir du tiers des exploitations et les caves coopératives doivent accélérer leurs regroupements. La viticulture de demain, pour survivre, va encore devoir se réinventer : robotisation, irrigation, plants mieux adaptés au climat, culture biodynamique, baisse du degré d’alcool dans les vins, diversification, commercialisation… Toutes les options sont sur la table, il ne reste plus qu’à trouver le bon plan(t).

La culture du vin dans l’Hérault : petit rappel historique

Depuis le paléolithique, la vigne sauvage pousse spontanément dans le bassin méditerranéen et le raisin, au goût amer, y est régulièrement consommé par les populations autochtones. Si les premières traces de domestication de la vigne et de vinification sont attestées au Proche-Orient il y a environ 8000 ans, ce n’est qu’autour du VIIe siècle avant notre ère que la viticulture, via les Phocéens, fait son apparition dans l’Hérault.

La production connaît ensuite un fort développement avec la domination romaine. Le vin local est conservé dans des amphores fabriquées en Biterrois avant d’être expédié à Rome, en Grèce et même en Egypte. Mais à partir du IIIe siècle, une succession de crises multifactorielles (baisse de la population, invasions barbares, désorganisation du commerce, baisse de la consommation des villes) entraîne l’abandon des domaines les plus modestes ou leur rachat par d’autres plus grands à des fins de concentration des exploitations, et la reconversion des vignobles en terres de labours ou en pâturages. Ce n’est qu’à partir de la fin du VIIIe siècle qu’une nouvelle période favorable va démarrer autour de monastères producteurs de vins et de spiritueux comme à Aniane, Valmagne, Caux ou Saint-Chinian. Le commerce du vin connait une nouvelle croissance à partir de la fin du XVIe siècle avec l’essor du port de Sète et la mise en service du Canal du Midi et ce, jusqu’à la crise du phylloxéra à la fin du XIXe qui détruit la quasi-totalité du vignoble.

En 1907, une révolte vigneronne d’ampleur inégalée et réprimée dans le sang secoue le Languedoc et le Roussillon suite à l’effondrement des cours du vin après des années de grande prospérité. Désormais, rien ne sera plus comme avant et les crises de surproduction et de mévente vont se multiplier tout au long du siècle.

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