Sophie Noguès, Présidente de la SAFER 34

Sophie Noguès, Présidente de la SAFER 34

Pouvez vous nous présenter les missions de la SAFER ?
Avant de commencer cet entretien, je tenais juste à préciser la ligne droite de la SAFER qui me guide tous les jours dans mon rôle de présidente du comité technique de la SAFER Hérault : la SAFER a été créée par des agriculteurs pour des agriculteurs !
Elle a quatre missions essentielles :
– Dynamiser l’agriculture et la forêt en favorisant l’installation de jeunes agriculteurs, la transmission d’exploitations agricoles et, potentiellement, leur restructuration et leur agrandissement ;
– Accompagner le développement local en apportant des solutions foncières aux porteurs de projets et aux collectivités ;
– Participer à la protection de l’environnement en préservant les paysages et les ressources naturelles ;
– Assurer la transparence du marché foncier rural en traitant toutes les informations de marché, en transmettant aux collectivités les informations sur les mouvements fonciers et en alertant les pouvoirs publics avec la fourniture des indicateurs départementaux.

Quels sont les enjeux autour du foncier actuellement ?
Ils sont multiples. Ils sont d’abord agricoles avec la restructuration des terres, la lutte contre la cabanisation, le remembrement, la location de terres. Ils sont aussi économiques car la SAFER accompagne une part très importante d’agriculteurs hors cadre familial ; elle a d’ailleurs mis en place le portage foncier en partenariat avec le Conseil départemental de l’Hérault. Enfin, les enjeux sont environne- mentaux avec notamment le projet de la LGV (Ligne à Grande Vitesse), pour lequel la SAFER doit aller chercher les terres pour la compensation environnementale (cf Biterre N°10 pour les explications sur la compensation environnementale). Elle participe ainsi à la préservation de la qualité des ressources naturelles.

La baisse drastique de l’étalement urbain imposée par l’État dans les années à ve- nir va-t-elle réellement profiter à l’agriculture et à la viticulture ?
La SAFER est sensible à la limitation de la consommation de la ressource foncière et réfléchit avec les porteurs de projets à des solutions pour limiter leurs impacts. Elle recense et mobilise les friches agricoles. Je pense que la baisse de l’étalement urbain va profiter à l’agriculture. S’il n’y a plus de pression fon- cière, toutes les terres pourront être exploitées.

En Biterrois, et plus particulièrement sur la partie la plus proche de la mer, la salinisation des sols est devenue un enjeu majeur avec la perte de nombreux hec- tares de vignes. Un projet de barrage anti-sel est à l’étude, mais sa réalisation, au-delà de son coût, divise. Quelle est votre position ?
Le barrage anti-sel est un ouvrage réclamé depuis plusieurs décennies (cf Biterre N°7 p.8 pour des explications détaillées sur la salinisation des sols). Il n’y a jamais eu réellement d’effort politique à l’époque où on pouvait tout construire sans qu il y ait des « anti-tout ». Je suis pour sa construction si cela peut sauver les terres impactées. Mais le plus dur reste à faire : combien cela va coûter, qui paye et où doit-il être installé ? Une étude portée par la l’agglomération Béziers-Méditerranée est en cours d’instruction, il faut maintenant attendre juin 2024 pour voir quelles solutions seront proposées.

D’année en année, on boit moins, mais mieux. Avec une qualité des vins en amélioration constante, une communication mieux ciblée et plus pertinente, un œnotourisme et un tourisme patrimonial en plein essor, la commercialisation des vins connaît un bouleversement inédit depuis plusieurs décennies. Est-ce un plus pour les viticulteurs et notamment pour les pe- tits propriétaires dans la veine de notre tradition languedocienne ?
Bien sûr. Nous sommes en crise, mais la viticulture héraultaise est loin d’être morte. Nous avons des vignerons indépendants et des caves coopératives biterroises extrêmement présents avec un dynamisme puissant, prêts à relever tous les défis.

Comment voyez-vous l’avenir de la viticul- ture biterroise et languedocienne dans les 20 ans à venir ?
Je vois un avenir plus serein pour notre viticulture biterroise avec de nouveaux cépages plus résistants qui auront de meilleurs goûts, associés à nos cépages traditionnels que nous conserverons. De même, les retenues hivernales mises en œuvre par le Département (cf pages suivantes) seront là pour nous aider à maintenir la qualité de nos produits. On ne tapera plus sur le vin, comme le fait le gouvernement. Pourtant, grâce à nos exportations, nous participons grandement à l’effort d’excédent de la balance commerciale. Et puis, il n’y aura plus de terres incultes, car la pression foncière aura disparu.
Ce sera le paradis sur terre en Biterre !

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