10 août 1981. Le cargo pinardier italien « Ampelos » est pris d’assaut par les Comités d’Action Viticole (CAV ) dirigés notamment par le militant viticole et occitaniste Jean Huillet. Le retentissement est énorme. Alors fraîchement élue, la gauche se retrouve à devoir composer avec des viticulteurs en colère, un gouvernement italien qui proteste et des menaces de rétorsion sur les produits agricoles français exportés en Italie. Pourquoi en est-on arrivé là ? D’abord parce que le contexte est chargé en cette année 1981 avec des vins italiens, et en particulier le vin de table languedocien italien, qui concurrencent les produits français en usant de pratiques commerciales déloyales. En effet, le vin qui se trouvait sur l’Ampelos était « tâché » car issu de coupages de blanc et de rosé. D’autre part, les autorités italiennes compensent les différences de prix entre les vins siciliens et français.
Alors, dans la chaleur de l’été 1981, la colère se déploie comme un orage d’été, pleine de bruit et de fureur, dans une atmosphère irrespirable. Dans la nuit du 7 au 8 juillet, des explosions touchent cinq cuves d’entreprises de négoce, puis des camions chargés de vins italiens sont attaqués partout dans la région. Le gouvernement est sommé d’agir sous un mois dans un climat insurrectionnel qui rappelle les heures tragiques de Montredon cinq ans auparavant. C’est dans ce contexte que se produit l’attaque de l’Ampelos. Un premier commando de 50 hommes prend possession du bateau et réclame que le service des fraudes analyse la cargaison. Ce commando est suivi par près de 2000 manifestants qui se rassemblent dans la journée. Les viticulteurs déversent alors du gasoil et de l’huile dans les cuves du pinardier. Le gouvernement désapprouve ces actes mais cela pousse le Premier ministre Pierre Mauroy à négocier avec Bruxelles pour de bien maigres résultats. Et les viticulteurs ne sont pas au bout de leurs peines avec l’élargissement du Marché commun à l’Espagne et au Portugal…
