1910 : quand la gauche se battait contre la retraite pour les morts
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1910 : quand la gauche se battait contre la retraite pour les morts

La question de l’âge du départ à la retraite ne date pas de 2023. Déjà, au début du XXe siècle, les affrontements allaient bon train entre la gauche ouvrière et les partis modérés, libéraux ou de droite réactionnaire. La loi du 5 avril 1910 instaure une retraite obligatoire et générale pour tous les ouvriers et paysans selon une triple contribution : ouvrière, patronale et de l’État. Mais le montant des pensions est extrêmement faible et surtout l’âge du départ soulève un tollé. À l’époque, moins d’un tiers des ouvriers atteint l’âge de soixante ans et la moitié d’entre eux disparaît avant soixante-cinq ans ; Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, dénonce alors « la retraite pour les morts ». Et puis, les pensions prévues, minimes, ne peuvent constituer qu’un appoint pour le vieux travailleur. De plus, le caractère obligatoire de la loi est cassé en cour de cassation en 1911.

Les socialistes sont divisés sur la question y compris à Béziers où, à la Bourse du Travail, la toute jeune CGT organise des réunions sur la question et proteste via des affiches contre cette injustice. Jaurès, de son côté, considère que la loi est un premier pas et il parvient à trouver une majorité en 1912 pour abaisser l’âge de départ à 60 ans, mais la guerre balaie cette espérance. Il faudra attendre la victoire de 1981 et le gouvernement d’union de la gauche de Pierre Mauroy pour enfin voir se concrétiser cette revendication populaire que les réactionnaires n’ont depuis jamais digérée jusqu’à Emmanuel Macron.

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