Les collectivités dans la tourmente

Les collectivités dans la tourmente

Les communes entre le marteau et l’enclume

L’augmentation des coûts de l’énergie, que ce soit le pétrole, le gaz ou l’électricité nous frappe tous de plein fouet. L’État, conscient du danger d’explosion sociale, a mis en place des mesures ponctuelles pour limiter les effets de ces augmentations : réductions à la pompe, bouclier tarifaire, primes aux gros rouleurs, etc. Les entreprises et les collectivités ne sont quant à elles pas incluses dans ces mesures. Par conséquent, il leur a fallu chercher des économies partout où cela était possible. La mesure la plus spectaculaire a été l’extinction de l’éclairage public. Plusieurs communes plutôt écolo-compatibles l’avaient déjà mise en place et n’ont eu qu’à l’étendre, mais spectaculairement d’autres plus sceptiques se sont convertis faisant au passage voler en éclats le sempiternel argument sécuritaire face à l’impérieuse nécessité financière. Malgré tout, ces économies, de l’ordre de 20%, ne compensent pas le surcoût engendré par la brutale augmentation du prix de l’énergie. De ce fait, les collectivités territoriales qui votent leur budget durant l’hiver sont prises dans un dilemme insoluble : augmenter ou pas les impôts locaux pour faire face à cette dépense inhabituelle et donc imprévue ? Or, leur situation n’est guère brillante tant l’État a déjà rogné leurs ressources par la réduction des dotations ou la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales. Résultat : la taxe fon- cière, dernier levier fiscal, devient l’objet de toutes les attentions. Bien souvent portés au pouvoir sur la promesse d’une modération fiscale, voici les élus locaux contraints de marcher sur la corde raide. Soit ils augmentent les impôts pour boucler leurs budgets et tenir leurs projets, répercutant ainsi un nouvel effet de la crise sur leurs administrés, soit ils ne le font pas et réduisent leurs marges de manœuvre. Dans les deux cas, les citoyens se retrouvent confrontés à une double peine et les élus à un cruel dilemne, entre réduction du service public et ponctions supplémentaires sur leurs administrés. L’État est ici le grand absent ou le grand tartuffe, capable de déverser des milliards sur les plus aisés à coup de CICE et de réforme de l’ISF mais laissant les élus locaux porter seuls le fardeaux de la crise.

Pour faire face à la crise sociale qui frappe si durement le Biterrois depuis des décennies, il n’y a pas de solution miracle mais un faisceau de pistes. Elles ont d’ailleurs été évoquées régulièrement dans ces colonnes : développer les gisements d’emplois liés à la culture, au tourisme vert ou bien encore à l’agro-écologie qui sont nouveaux, durables, vertueux sur le plan environnemental et non délocalisables. Ils s’inscrivent dans le long terme et sur une vision de ce que pourrait être le Biterrois dans deux générations.

Encore faut-il pour inventer ce modèle avoir des élus et des responsables économiques qui ne poursuivent pas la chimère d’un passé fantasmé ou qui ne soient pas guidés par une simple avidité cour-termiste. Il faut dire que dans ce domaine, les élites biterroises, ou plutôt devrions-nous dire la bourgeoisie locale, n’ont guère brillé par leur capacité à voir venir les crises et anticiper les changements de modèles. Cela a été vrai pour la viticulture et pour le tourisme dont les évolutions, notamment vers un « tourisme des 4 saisons », n’ont été perçues que tardivement. Il ne faudrait pas qu’il en soit de même avec l’immobilier dans lequel se construisent des fortunes aujourd’hui mais dont les transformations liées au changement climatique ne sont pas suffisamment prises en compte.

Bien sûr le rôle des collectivités départementales et régionales est important, tout comme celui de l’État qui a choisi de soutenir le projet de gigafactory Genvia (cf Biterre N°7), mais là encore, tout attendre d’un sauveur suprême apparu par les bonnes grâces de dirigeants nationaux qui ne font que passer peut se révéler aléatoire. C’est pourquoi il serait de bon ton d’essayer de diversifier l’offre d’emploi en attirant des entreprises d’autres secteurs de la tech ou du tertiaire en mettant en avant, pourquoi pas, les prix plus raisonnables du foncier biterrois en comparaison avec ceux du montpelliérain, le cadre de vie locale et la situation avantageuse d’un territoire à la jonction de l’A9 et de l’A75 et à presque à mi-chemin entre Toulouse et Montpellier. Pour cela, il faut mener une politique de démarchage active et intelligente tout en sachant à quelle porte frapper, peut-être en créant une agence d’agglomération ou de territoire chargée d’une telle mission avec des moyens appropriés. Le maire de Béziers en exercice avait vanté son carnet d’adresse avant d’être élu, force est de reconnaître que les entreprises et les emplois se font attendre…

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