Un conflit social oublié : Fouga 1938
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Un conflit social oublié : Fouga 1938

Béziers, ville industrielle et ville de lutte ouvrière. L’affirmation pourrait paraître étonnante pour un contemporain tant l’image qui colle à la cité cathare est celle d’une ville viticole et désormais touristique. Pourtant, sous l’influence de la prospérité viticole, la ville a connu un véritable âge d’or industriel jusqu’aux années 1960.
Un des emblèmes de cette prospérité était les établissements Fouga, fondés en 1919 dans un contexte social profondément tendu. L’objet de la société est la réparation des wagons de marchandises de tous types pour le compte de la Compagnie des chemins de fer du Midi qui confie lui cette tâche à l’issue des grandes grèves de l’après-guerre. La société s’installe au bord du Canal du Midi, dans la plaine Saint-Pierre entre Béziers et Villeneuve-lès-Béziers, et devient l’un des plus gros employeurs de la ville avec jusqu’à 2000 à 3000 ouvriers.

En 1936, avec la victoire du Front populaire, le mouvement social impose l’application de la loi au paternaliste Gaston Fouga. La grève et l’occupation de l’usine débutent le 10 juin. La population biterroise fait preuve de solidarité et soutient les grévistes par une collecte de vivres et d’argent. Convention collective avec congés payés, 40 heures et augmentation de salaires sont enfin obtenus quelques jours plus tard. Mais l’embellie est de courte durée. En effet, en juin 1938, la direction de Fouga revient sur une partie des acquis. Le 30 juin, le personnel se met une nouvelle fois en grève et occupe l’usine. Le 1er juillet, la direction licencie tout le personnel, mais l’usine n’est récupérée qu’après intervention de l’armée.

Le souvenir de ces conflits sociaux âpres contraste avec notre époque et montre que rien ne s’acquiert et ne se conserve sans lutte. Nos contemporains l’oublient peut-être trop souvent.

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