Lionel Izac, site archéologique et musée d’Ensérune
Photo : Biterre

Lionel Izac, site archéologique et musée d’Ensérune

L’Oppidum d’Ensérune est un site archéologique de 22 hectares où on été retrouvés, au début du XXe siècle, les vestiges d’une cité antique. À proximité de Béziers, sur une colline au panorama exceptionnel, l’Oppidum domine l’étang asséché de Montady, mais offre aussi une vue exceptionnelle sur la Méditerranée et le Canal du Midi. Un musée tout fraîchement rénové après de longues années de travaux présente des collections exceptionnelles découvertes in situ. Administrateur de ce site majestueux, Lionel Izac a largement participé, avec la DRAC et les Monuments Nationaux, à la restauration et la modernisation de ce lieu mis au jour par l’abbé Giniès et dont Félix Mouret, un érudit Biterrois, a poursuivi la fouille.

Parlez-nous de l’oppidum d’Ensérune, de son histoire ?
C’était une très grande cité du VIe siècle avant J.-C. Elle a atteint son apogée vers 200 avant J.-C., jusqu’au 1er siècle. Il faut imaginer une cité sur 40 hectares dont on voit encore un des quartiers aujourd’hui et qui a été dégagé dans les années 30. Nous avons encore des remparts d’Ensérune sur lesquels étaient appuyés des entrepôts car il faut savoir que c’était une place commerçante. Ensérune était un complexe urbain très important avec beaucoup d’habitants.

L’une des plus belles collections de céramiques grecques, celtiques, ibères étrusques et romaines.

Le précédent musée était vieillissant et peu attractif. Il fallait le rénover, le réamé- nager. Combien de temps a-t-il fallu entre la prise de décision d’engager des travaux et la réouverture en juillet 2022 ?
Même si ces monuments ne sont pas économiquement rentables ni ouverts toute l’an- née, il fallait travailler sur ce site et le valoriser, ce qui a été fait. Après quatre années de travaux, nous sommes parvenus à ce résultat. Un site où l’on peut découvrir un musée revu et scénarisé qui permet d’offrir au public l’une des plus belles collections de céramiques grecques, celtiques, ibères, étrusques et romaines. Un pavillon boutique est situé à l’entrée de ce nouveau parcours depuis lequel nous pouvons admirer des sites merveilleux.

Quel aura été le coût des travaux ?
Nous avons créé ce bâtiment, réaménagé le site, réalisé des travaux de restauration sur les vestiges. Quand tout sera terminé, nous serons sur un coût global de 7 millions d’euros.

Qui sont les principaux financeurs de cette restauration ?
99% de la restauration a été financée par le Centre des Monuments Nationaux. Nous avons également obtenu des fonds européens, via la Communauté de communes La Domitienne, à hauteur de 150 000 euros, puis le mécénat de la Fondation Stavros Niarchos qui œuvre pour le rayonnement de la culture grecque dans le monde, à hauteur de 80 000 Euros. Cette somme a servi à la restauration de la salle Mouret qui abrite le plus important corpus de vases grecs jamais découverts sur un site français. Enfin, la Fondation Pays de France viendra aussi nous aider dans le cadre d’un vaste plan de replantation d’arbres sur tout le domaine. C’est un engagement sur un temps long car nous sommes classés au titre des Monuments historiques depuis les années 30. Il ne faut pas oublier que le musée de l’Oppidum est l’un des tout premiers créés en France sur un site archéologique.

La fréquentation depuis l’ouverture est-elle à la hauteur de vos attentes ?
Nous avons réouvert le site le 6 juillet après quatre années de travaux. Le mois de démarrage a été un peu calme en raison de la canicule, mais d’un autre côté cela nous a permis de mieux prendre nos marques. Ceci dit, la fréquentation est bien là : sur six mois, nous avons accueilli quasiment 20 000 visiteurs, ce qui correspond à ce que nous accueillions auparavant sur une année complète. C’est vraiment satisfaisant. Nous misons donc sur une fréquentation que nous souhaitons maî- triser autour de 40 000 visiteurs par an.

Photo : Biterre

Y a-t-il des actions de prévues envers les scolaires ?
Oui et cela viendra se rajouter à la fréquentation du public classique. Cela, d’autant plus que ces visites peuvent faire l’objet d’études dans le cadre du grand oral du bac pour les terminales. Ce sont des visites thématiques en lien avec tous les métiers du patrimoine. C’est un bon moyen d’orienter les jeunes vers nos métiers passionnants.

Comment existe-t-on quand on est situé à proximité immédiate du gigantesque musée de la Romanité à Narbonne qui est porté par la Région et dont la construction a coûté dix fois plus cher ?
Nous le vivons très bien. Nous sommes en train de mettre en place des partenariats avec le musée Narbo Via pour proposer des offres communes. C’est un musée que je connais très bien pour y avoir travaillé. Nous n’avons pas le même rayonnement, nous ne sommes pas non plus dans les mêmes thématiques puisque nous évoquons la Romanité à Ensérune seulement sur la fin du parcours.

Vous seriez donc plutôt complémentaires ?
Oui, et puis la Région nous accompagne sur un certain nombre de projets, sur de la communication. Nous faisons aussi partie des grands sites d’Occitanie labéllisés par la Région au niveau touristique. Notre ambition est de mettre en place, avec Agde, un beau projet sur nos trois sites pour offrir un séjour touristique autour de l’archéologie.

Avez-vous prévu d’autres aménagements autour du musée en plus de la découverte du jardin méditerranéen ?
L’an prochain, il y aura un complément de tout l’aménagement extérieur pour le rendre encore plus accessible. Nous avons aussi prévu de mettre en place des pupitres culturels avec des explications, des vues en 3D à l’extérieur et à l’intérieur du parcours. Les vestiges seront encore et toujours restaurés pour les rendre plus lisibles, et, à plus long terme, nous envisageons de recréer une maison traditionnelle de l’époque. Nous y travaillons depuis très longtemps. Cela avance doucement. Nous sommes à la recherche de partenariats avec des associations spécifiques parce que nous aimerions bien aller vers une liaison plus contemporaine sur l’éco-construction comme nous l’avons fait sur le bâtiment d’accueil du public qui s’intègre parfaitement dans le site et qui prend particulièrement en compte l’écologie et l’environnement.

Avez-vous prévu de développer le site pour l’accueil des cyclistes, des randonneurs ?
Oui, nous allons faire des aménagements spécifiques pour les publics sensibles à l’éco-tourisme car ils sont nombreux à venir parcourir la région. Les offices de tourisme du territoire devront être nos premiers ambassadeurs.

www.enserune.fr 
enserune@monuments-nationaux.fr 
www.facebook.com/oppidum.enserune

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